L'étude réalisée par les Nations unies n'est certes pas exhaustive, mais elle a le mérite de tirer la sonnette d'alarme. De par le monde, l'adulte, à force de craindre l'enfance, finit par l'assassiner. La preuve, si besoin est, en est là: 53.000 enfants ont été victimes d'infanticide en 2002. C'est le chiffre qu'on retient de l'étude réalisée par les Nations unies sur la violence contre les enfants. Cette étude, publiée jeudi dernier, dresse un constat des plus amères sur la situation de l'enfance dans le monde. L'étude, démarrée il y a quatre ans, est centrée sur cinq «cadres» dans lesquels s'exerce la violence, à savoir la maison et la famille, les écoles et établissements d'enseignement, les institutions (de soins et judiciaires), le lieu de travail et la communauté. Le rapport explique que la violence contre les enfants comprend la violence physique, la violence psychologique, la discrimination, la négligence et les mauvais traitements. Martyrisés, châtiés, flagellés, mutilés ou pire assassinés, les enfants endurent les pires atrocités. Selon la même étude, quelque 150 millions de filles et 73 millions de garçons âgés de moins de 18 ans ont subi des rapports sexuels forcés et d'autres formes de violence sexuelle. Néanmoins, le sexe «faible» est plus exposé à la violence sexuelle. Selon une estimation de l'Organisation mondiale de la santé, 100 à 140 millions de filles et de femmes, dans le monde auraient subi une forme de mutilation génitale touchant, annuellement, 3 millions de filles et de femmes dans seulement le Soudan, l'Afrique subsaharienne et l'Egypte, affirme-t-on dans un ouvrage publié en 2005 par l'Unicef. Aussi, à se fier à l'étude réalisée par l'ONU, en 2004, 218 millions d'enfants travaillaient dont 126 millions dans des conditions dangereuses. Selon une étude réalisée en 2002 par le Bureau international du travail (BIT), en 2000, 5,7 millions d'enfants étaient assujettis à un travail forcé ou en esclavage, 1,8 million était soumis à la prostitution et la pornographie et 1,2 million était victime de la traite. Par ailleurs, le rapport des Nations unies tombe à pic pour nous rappeler la situation de l'enfance en Algérie. Les chiffres transmis par les différentes institutions sont plus que jamais alarmants. Ainsi, selon le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale, 1,3 million d'enfants, dont la tranche d'âge varie entre 6 et 17 ans, se voient dans l'obligation de travailler pour pourvoir aux besoins de leurs familles. Aussi, on ne peut pas parler de l'enfance en Algérie sans évoquer les milliers de délinquants mineurs qui subissent, de plein fouet, l'effroyable condition de vie imposée par l'inexorable rue. Selon un rapport publié l'an dernier par la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), 11.000 mineurs ont été arrêtés en 2004 contre 10.800 en 2003. Les observateurs affirment que cette situation n'est, en fait, que le résultat direct de la crise multidirectionnelle qui ne cesse de secouer le pays. Cela a causé, entre autres, la dislocation de la cellule familiale. Comment remédier à cette situation on ne peut plus délicate? «Tout le monde a un rôle à jouer dans cette affaire, mais les Etats doivent en assumer la responsabilité principale» a souligné le professeur Paulo Sergio Pinheiro, l'expert indépendant nommé par le secrétaire général de l'ONU à la tête de l'étude. «Cela veut dire interdire toutes les formes de violence contre les enfants, où que cette violence se produise et quel qu'en soit l'auteur, et investir dans des programmes de prévention pour traiter de ses causes sous-jacentes» a-t-il ajouté.