La Maison-Blanche s'est employée à atténuer l'effet de ces propos potentiellement nuisibles. Quatre soldats américains ont été tués depuis mercredi dernier en Irak, portant ainsi à 74 le nombre de marines tués depuis début octobre et à plus de 3000 soldats depuis le début de la guerre. Ces morts s'ajoutent à la pression qui va crescendo sur M.Bush pour un changement de cap en Irak et qui vient aussi de la majorité républicaine, inquiète que l'Irak ne cause sa perte le 7 novembre. Cependant, et en dépit de l'enlisement qui a coûté à l'armée américaine d'immenses pertes humaines, matérielles et financières, le président américain a exclu jeudi que les troupes américaines se retirent battues d'Irak. La semaine dernière, l'ex-secrétaire d'Etat, James Baker, avait estimé sur la chaîne de télévision ABC, qu'un retrait immédiat des forces américaines d'Irak conduirait à une «guerre civile d'une ampleur sans précédent» dans ce pays et dans l'ensemble du Proche-Orient. C'est dans ces circonstances que le président G.W.Bush avait lancé, jeudi, lors d'une réunion publique en Pennsylvanie, la phrase qui lui a valu les critiques les plus acerbes de la part de l'opinion publique américaine. La veille, M.Bush a, pour la première fois, accepté que l'on fasse un parallèle entre l'Irak et le Vietnam, duquel l'armée américaine s'est retirée en 1973 sur une défaite durement éprouvée. La Maison-Blanche s'est employée à atténuer l'effet de ces propos potentiellement nuisibles, trois semaines avant des élections, dont l'Irak est une donnée majeure. M.Bush n'a pas dit mercredi que l'Irak était dans la même situation que le Vietnam, ni que l'issue du conflit serait la même, loin de là. Mais, a-t-il déclaré à la chaîne ABC, l'éditorialiste Thomas Friedman «pourrait avoir raison» quand il dit que le redoublement des attaques contre les soldats américains et irakiens s'apparente à l'offensive du Têt au Vietnam en 1968. A noter que jeudi, Bush, sans utiliser les termes de la veille, a tout de même reconnu que la situation était «difficile». La Maison-Blanche a tenté, en vain, d'atténuer les propos de Bush, mais la polémique s'est déjà installée. «Le président n'a fait que redire ce qu'il avait dit auparavant, à savoir que les terroristes essaient d'exploiter les images et de se servir des médias pour influencer l'opinion publique aux Etats-Unis», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow. «Nous ne pensons pas que nous soyons à un point de bascule», a-t-il dit. Pourtant, ce n'est pas la première fois que des responsables américains de haut rang établissent une analogie entre l'Irak et le Vietnam. Déjà en 2004, Donald Rumsfeld s'était déjà prêté à une telle analogie en juin 2004. Mais l'administration a toujours répugné à toute comparaison entre l'Irak et le Vietnam. Ainsi, et trois semaines avant les élections parlementaires américaines, l'administration Bush semble dans une situation inconfortable. Après avoir essuyé une série de scandales, dans lesquels étaient impliqués des membres de l'entourage du président, c'est aujourd'hui le dossier irakien de peser de tout son poids. Le défilé de dépouilles de soldats américains tués au combat donne une image qui est loin d'arranger les choses pour le camp républicain, surtout à la veille de l'élection décisive du 7 novembre prochain.