Les images de l'une des dernières victimes, enregistrées hier matin lors d'un accident de la route, sont insoutenables. Le corps sans vie était retrouvé allongé sur le sol de la RN 12, à proximité de Bordj Ménaiel, à Boumerdès. Un homme âgé de 60 ans. Les traces de sang étaient d'ailleurs encore visibles sur le bitume et sur le tissu mis pour couvrir le cadavre de la victime. La victime a été percutée de plein fouet par un automobiliste, aux alentours de 6h de la matinée de ce lundi. Des scènes, hélas, vues et revues partout sur nos routes sans que la persistance de l'hécatombe routière n'éveille les consciences. Le terrorisme routier continue de tuer, et ce malgré la multiplication des contrôles routiers et en dépit de toutes les campagnes de sensibilisation menées, à ce jour, par les différents services chargés du dossier des accidents de la route, en l'occurrence ceux de la Protection civile. Un accident similaire s'est produit quelques heures auparavant à Mostaganem, et la victime est âgée de 73 ans. Un vieil homme a été mortellement touché aux alentours de minuit, au niveau de la RN 1. 14 morts et 260 blessés en 24 heures Les deux personnes âgées font partie de la longue liste des victimes enregistrées durant ces dernières 24 heures. «14 personnes ont perdu la vie et 260 autres ont été blessées en une seule journée», a-t-on appris du commandant Nassim Bernaoui, sous-directeur de l'information et des statistiques à la Direction générale de la Protection Civile (DGPC). Le nombre des victimes des accidents de la route déploré dans le bilan arrêté hier matin, à 8 h, pointe une hausse inquiétante de ce phénomène qui continue d'endeuiller des milliers de familles chaque année. Le terrorisme routier sème la terreur. Des vies et des rêves brisés, et des familles sont anéanties par le terrorisme routier, comme ce fut le cas lors du dernier accident enregistré à Tipaza. 3 personnes sont décédées et 3 autres membres de la même familles ont été blessés suite au renversement du véhicule qui les transportait. Un énième drame, et une énième sortie en famille qui se transforme en drame, après un été meurtrier sur nos routes. Juillet, le mois le plus meurtrier Le bilan de la saison estivale de 2024 a été, en effet, très lourd. 574 personnes ont trouvé la mort sur les lieux des accidents de la route dans la période allant du 1er juin à début septembre, a-t-on également appris auprès du commandant Nassim Bernaoui. L'été de cette année a été une saison sans répit pour les secouristes qui sont intervenus 31 868 fois suite à la survenue de 2 563 accidents de la route. Durant cette période, les services de secours ont eu également beaucoup de fil à retordre, notamment en termes de réquisitions de moyens et de personnels spécialisés, lesquels se sont chargés de prodiguer les soins nécessaires aux blessés dont le nombre s'élève à 25142 personnes, selon les chiffres révélés par le même responsable. Les chiffres de la mortalité routière sont en hausse. Ils sont là, encore une fois, pour montrer que le non-respect du Code de la route mène inévitablement à une mort certaine. L'inconscience au volant reste la cause principale des accidents de la route, affirme le commandant Bernaoui, lequel s'appuie sur les résultats des enquêtes lancées par les services de sécurité pour définir les causes à l'origine de ces drames. Des drames qui, «dans le meilleur des cas», causent des blessures physiques pouvant provoquer de lourds handicaps, à vie. Dans les détails du bilan établi par la DGPC et parvenu hier à notre rédaction, il en ressort également que le mois de juillet fut le mois le plus meurtrier avec 189 personnes décédées et 8077 autres blessées. Le mois de juin arrive en deuxième position avec pas moins de 188 victimes ayant trouvé la mort et 8000 autres personnes blessées. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. La fréquence des accidents de la route avait, en effet, atteint un seuil des plus alarmants. Selon ledit bilan, il y a eu un fléchissement de la courbe de mortalité au cours du mois d'août, avec un nombre de victimes qui s'est établi à 168. Au cours de la même période, les services de la Protection civile ont enregistré 7577 personnes blessées au total. On croyait que la folie de l'été était finie. Cependant, les choses se sont passées autrement. Dans ce sillage, le commandant Nassim Bernaoui a fait état de «29 personnes décédées et 1411 blessés enregistrés au cours de la première semaine du mois de septembre en cours». Les chiffres des dernières 24 heures, et qui comptabilisent les 14 personnes mortes précitées, sont également là pour démontrer que le phénomène n'a pas perdu de sa voracité. 1326 morts et plus de 55000 blessés depuis le début de 2024 D'une vision plus large, il faut souligner que le terrorisme routier n'est pas propre à la saison estivale. Les services de la Protection civile ont effectué pas moins de 77732 interventions en la matière, suite à la survenue de 3655 accidents ayant causé la mort à 1326 personnes et des blessures à plus de 55000 autres. On enregistre des accidents de la route tout au long de l'année, et l'année 2024 a, faut-il le rappeler, commencé par un lot important de victimes fauchées par le terrorisme routier. Les perturbations atmosphériques avaient compliqué la situation et il y a eu 40 personnes décédées et 1513 autres blessées dans 1175 accidents de la circulation survenus durant la première semaine de cette année. À quand l'introduction du chronotachygraphe? Par ailleurs, il y a lieu de noter que le nombre des victimes déplorées sont très important lorsqu'il s'agit de drame impliquant des bus de transport de voyageurs. La série des drames impliquant ces chauffards d'autocars a été noire. Les autocars ont semé la mort un peu partout sur nos routes. Les poids lourds, les bus de transport et même les taxis collectifs sont impliqués dans de nombreux accidents. Le tout dernier remonte à 45 jours seulement. 7 personnes ont trouvé la mort dans un accident de la circulation, survenu jeudi dernier, au niveau de la RN 3, sur le territoire de la commune d'El-Hadjira, wilaya de Touggourt. Le terrible accident s'est produit suite à une collision suivie d'un incendie entre un bus de transport des voyageurs, assurant la ligne Guelma/Hassi-Messaoud, et un véhicule touristique, plus précisément au niveau du point kilométrique PK 50, sur le territoire de la commune d'El-Hadjira, causant la mort à 3 femmes, 2 hommes et 2 enfants. Chose qui a relancé le débat autour de la concrétisation rapide du projet de régulation de la vitesse au niveau des bus qui sont très souvent impliqués dans les accidents de la route. Dans ce sillage, le capitaine Nassim Bernaoui juge urgent de mettre en place le chronotachygraphe afin de surveiller les chauffards. «C'est l'une des recommandations faites et refaites par la Protection civile afin de diminuer les accidents de la route, et c'est un appareil qui a prouvé son efficacité dans les pays qui l'utilisent», a-t-il martelé. Non loin de cette optique, il est évident de noter que les heures de pause des chauffeurs de longues distances sont sous la loupe des services de la Gendarmerie nationale. L'introduction du chronotachygraphe est également l'une des recommandations lacées par le commandement général de ce corps à l'adresse des autorités compétentes. À bon entendeurs!