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«Le Mali est en train d'afficher de nouvelles alliances»
Arslan Chikhaoui, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 02 - 10 - 2024

Arslan Chikhaoui est expert en relations internationales et membre du Comité d'experts du World Econolic Forum et du groupe 'Track-2' du système des Nations unies. Il apporte dans cet entretien, un éclairage pertinent sur les enjeux qui sous-tendent l'agressivité du Mali à l'endroit de l'Algérie et expliquent les conséquences d'un tel positionnement.
L'Expression: Le vice-président malien s'en est pris, violemment, à l'Algérie et a proféré de graves accusations. Sommes-nous dans le premier épisode d'une nouvelle crise au Sahel impliquant directement l'Algérie?
Arslan Chikhaoui: Cela peut, effectivement, conduire à une situation complexe dans la région. Et pour cause, l'intervention du colonel Abdoulaye Maïga à la tribune de l'ONU, marque un nouveau palier dans l'escalade verbale, avec des accusations directes et sans précédent envers Alger dans un vocabulaire choquant et déplacé.
Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre d'Etat et porte-parole du gouvernement malien, n'a pas mâché ses mots lors de son allocution à la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies.
Il a accusé l'Algérie d'ingérence dans les affaires intérieures du Mali et qualifié l'Accord d'Alger de «mort», balayant d'un revers de main toute tentative de le raviver. Il est allé jusqu'à accuser Alger d'héberger des terroristes, une allégation particulièrement grave dans le contexte sécuritaire tendu de la région sahélo-saharienne. Ceci s'apparente à une charge diplomatique. Elle ne peut rester sans conséquence.
Et comment interpréter cette sortie, pour le moins, agressive sur le plan de la géopolitique?
Vous aurez certainement compris qu'à travers un lexique clairement défiant dans ses discours, le Mali est en train d'afficher de nouvelles alliances. Ce qui revient à dire, un nouveau positionnement géopolitique. Le colonel Maïga a cité nommément la Russie, la Chine, la Turquie et l'Iran comme «alliés sincères» dans la lutte contre le terrorisme. Cette déclaration marque un tournant dans la politique étrangère malienne, traditionnellement plus proche des puissances occidentales. Ce repositionnement s'accompagne d'une critique voilée de l'ancien partenaire français, accusé d'inefficacité dans la lutte antiterroriste. Le Mali semble ainsi dessiner les contours d'une nouvelle carte géopolitique régionale, où l'influence des puissances émergentes se fait de plus en plus sentir. Vraisemblablement, la prise de position du Mali à l'ONU révèle une volonté d'affirmation du nouveau pouvoir sur la scène internationale. En critiquant ouvertement l'Algérie et en revendiquant de nouvelles alliances, Bamako cherche à redéfinir sa place sur l'échiquier régional. Cette stratégie aventureuse pourrait comporter des risques, notamment celui d'un isolement diplomatique dans une région où la coopération reste cruciale pour faire face aux défis sécuritaires et de développement.
Pensez-vous que ce retournement puisse s'accompagner d'autres alliances susceptibles de constituer un danger à la stabilité de l'Algérie?
L'analyse du discours du colonel Maïga pourrait amener à conclure que les autorités militaires maliennes veulent laisser comprendre qu'elles désirent se trouver un partenaire de substitution à l'Algérie dans l'espace sous-régional, en l'occurrence le Maroc. Il faut rappeler qu'officiellement, Bamako reconnaît la République arabe sahraouie démocratique (RASD), ce qui n'a pas empêché le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, de se rendre, il y a quelques mois, à une réunion ministérielle de concertation visant à favoriser l'accès des Etats du Sahel à l'océan Atlantique organisée par le roi Mohammed VI en faveur des Etats du Sahel. Le Mali a tenu à faire savoir qu'il se reconnaissait dans cette démarche. Ne disposant pas de frontière commune avec le Maroc, l'accès à la mer Atlantique ne peut se faire, pour le Mali, que via la Mauritanie et ensuite le Sahara occidental. Si Bamako décidait d'exporter par la route ses marchandises via le Maroc, ce serait donc une manière d'entériner la soi-disant «marocanité» du Sahara occidental.
L'animosité que montre Bamako à l'endroit d'Alger n'est donc pas motivée par des considérations de sécurité aux frontières. L'enjeu est plus grand et un autre acteur entre en jeu...
Indéniablement, le torpillage de la stabilité des relations entre Bamako et Alger se fait de manière récurrente, aussi bien par des acteurs régionaux qu'extrarégionaux dont l'enjeu primordial est la mainmise sur les ressources minières dites critiques utiles aux industries alternatives décarbonées et à la poursuite du développement technologique. Avec le rejet sans appel de l'Accord de paix d'Alger, le Mali veut consolider avec des pays voisins, sous l'impulsion d'acteurs internationaux malveillants, ce que l'on peut dénommer la «Triade». Ces acteurs malveillants cherchent à radicaliser les Touareg pour les acheminer vers la voie indépendantiste au lieu de l'intégration inclusive et par conséquent la remise en cause des délimitations frontalières. Nous assistons ainsi à la réactivation du vieux projet dit du «Sahara central» de la Libye à la Mauritanie et à terme de la mer Rouge à la mer Atlantique. À l'ère de la recomposition de la cartographie géopolitique de la région deux projets, s'articulent en parallèle, celui du «Grand Moyen-Orient» et celui du «Sahara central» et dont la finalité est de servir l'approche de dématérialiser les lignes frontalières pour une fusion d'envergure. Cette approche des acteurs de puissance malveillants mise sur le maintien sous tension de deux zones principales de crise d'intensité variable, à savoir, le flanc oriental de la Méditerranée et le flanc sahélo-saharien avec ses axes d'ancrage en mer Rouge et en mer Atlantique.
Pensez-vous que l'attitude du Mali est susceptible de faire faire au Sahel un saut dans l'inconnu? Et qu'en est-il des autres pays de la région, l'Algérie en premier?
Il est incontestable que la posture des autorités de Bamako au regard de la déclaration de tonalité violente du colonel Maïga à l'assemblée de l'ONU vis-à-vis de l'Accord de paix d'Alger ne fera qu'accentuer un climat de tensions dans cette sous-région méditerranéenne avec la montée en puissance des fléaux transnationaux tels que le terrorisme, le narcotrafic et le trafic d'armes, la traite humaine, ainsi que le déplacement de populations avec son corollaire de circulation d'agents pathogènes épidémiologiques qui menacent la stabilité de cet espace géostratégique. Il reste, cependant, que la présence de l'Algérie dans cet espace est un facteur majeur de stabilité. Il est vrai que le Mali joue présentement un jeu dangereux, mais retenons tout de même que malgré cette attaque inédite dans l'enceinte des Nations unies, le chef de la diplomatie algérienne a réitéré la disponibilité de l'Algérie à contribuer à l'édification d'une région sahélo-saharienne stable. « Mon pays a une volonté forte et une main tendue à chaque fois que les circonstances exigent de traiter avec nos frères pour l'édification d'un Sahel qui jouit de la sécurité et de la stabilité», a-t-il indiqué. Cette réaction responsable et visionnaire démontre que l'Algérie demeure attachée à sa conviction de promouvoir et d'exporter la stabilité dans un espace considéré comme une aire «d'intérêt commun».


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