Présents tous deux à un sommet au Caire, les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et iranien Massoud Pezeshkian ont appelé tous deux au respect de l'unité de la Syrie. L'Iran qui fut le principal allié de Bachar al-Assad avec la Russie apparaît désormais comme le principal perdant du changement intervenu en Syrie où les milices rebelles conduites par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Shem (HTS) ont pris le pouvoir dans ce qui est présenté comme une «offensive fulgurante» alors qu'il n'y a presque pas eu de combats sur leur chemin d'Idib à Damas. Côté turc, Erdogan a certes souhaité l'unité et la souveraineté du pays voisin, mais il a aussi exprimé sa volonté de voir instaurée une «Syrie débarrassée du terrorisme». Il faisait par-là même une allusion claire aux Kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) qu'Ankara accuse d'avoir partie liée avec ceux du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Cependant, il a assuré que la Syrie doit devenir un îlot où «toutes les communautés religieuses et tous les groupes ethniques vivraient côte à côte en paix». Dans son appel à «éradiquer» les organisations terroristes, il a cité le groupe Etat islamique (EI- Daesh) et le PKK. «Daesh, le PKK et leurs associés, qui menacent la survie de la Syrie, doivent être éradiqués», a affirmé à la presse Erdogan, lors de son retour du sommet au Caire», ajoutant qu' «il est temps de neutraliser les organisations terroristes existant en Syrie». L'allusion est claire et elle implique les Forces démocratiques syriennes (FDS, dont la composante principale est celle des Unités de protection du peuple kurde (YPG). Pour Ankara, celles-ci sont étroitement imbriquées avec le PKK qui poursuit une insurrection de plusieurs décennies sur le sol turc. Sauf que les FDS-YPG qui se sont souvent heurtées à l'armée syrienne jusqu'à imposer une autonomie de leur région dans le Nord-Est de la Syrie et qui ont aussi subi de nombreux assauts de l'armée turque sont soutenues par les Etats-Unis. Washington qui maintient un corps expéditionnaire issu de la coalition internationale engagée contre Daesh, entre 2011 et 2019, a la mainmise sur la région kurde où sont situés les richesses pétrolières de la Syrie. La déclaration d'Erdogan sonne donc comme un solennel avertissement d'autant plus qu'il a martelé, haut et fort, que son gouvernement a pris «des mesures préventives» pour tous les groupes qui constituent une menace pour la Turquie. «Il est impossible pour nous d'accepter un tel risque», a-t-il averti, non sans indiquer que les nouveaux maîtres de la Syrie doivent bannir ces groupes de leur programme politique. «Les chefs des organisations terroristes, telles que l'EI, le PKK et les YPG, seront écrasés dans les plus brefs délais», a même promis le chef de l'Etat turc, sans autre précision. À ce titre, il a annoncé la prochaine visite du ministre turc des AE, Hakan Fidan, à Damas où est déjà passé le chef des services de renseignements, Ibrahim Kalin, pour discuter de la stratégie à suivre avec les responsables de la coalition HTS et rebelles.