Le nouveau dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a convié Farouk al-Chareh, un ancien vice-président d'Assad qui était ouvertement critique de sa politique, à participer à une conférence sur le dialogue national à Damas, a indiqué un membre de sa famille. « Dès les premiers jours de l'arrivée d'Ahmad al-Chareh à Damas, il est allé à la rencontre de Farouk al-Chareh dans sa résidence de la banlieue de Damas, l'invitant à participer à une conférence nationale qui se tiendra bientôt», a affirmé Marwan al-Chareh, son cousin. « Mon cousin a accueilli favorablement l'invitation», a ajouté l'homme de 55 ans, précisant que la «dernière apparition publique» de Farouk al-Chareh date de 2011 lors d'une conférence sur le dialogue national également. Ce vétéran de la politique syrienne, né en 1938 dans la province de Deraa, a été pendant 22 ans à la tête de la diplomatie syrienne, avant de devenir vice-président en 2006. Contrastant avec l'attitude des responsables politiques syriens, il a été, dès 2012, le seul dirigeant à s'opposer ouvertement à Bachar al-Assad et à préconiser une issue politique à la crise qui déchirait le pays. Il avait depuis disparu de la scène politique. Selon son cousin, Farouk al-Chareh était «assigné à résidence». Son chauffeur et un proche collaborateur avaient été emprisonnés, dit-il. Âgé aujourd'hui de 86 ans, l'ancien diplomate «est en bonne santé et se prépare à publier un livre qui relate toute la période de règne de Bachar al-Assad, de 2000 à aujourd'hui», souligne Marwan al-Chareh. Le nouveau dirigeant en Syrie, Ahmad al-Chareh, a promis dimanche que son pays n'exercerait plus une influence «négative» au Liban et respecterait la souveraineté du pays voisin, en recevant une délégation conduite par le chef druze libanais Walid Joumblatt. La Syrie n'aura plus «d'ingérence négative au Liban et respectera la souveraineté du Liban, son intégrité territoriale, son indépendance de décision et sa stabilité», a assuré M. Chareh, qui a pris le pouvoir il y a deux semaines après la chute du président Bachar al-Assad. «Elle se tiendra à distance égale de tous» au Liban, a-t-il ajouté, affirmant que la Syrie était «source de peur et d'anxiété» au Liban. Le chef druze Walid Joumblatt, arrivé à Damas hier à la tête d'une importante délégation de députés de son bloc parlementaire et de dignitaires religieux druzes, est le premier dirigeant libanais à rencontrer le nouvel homme fort de Syrie. Il s'est entretenu au palais présidentiel avec Ahmad al-Chareh, apparu pour la première fois dimanche en costume cravate, et qui était connu jusqu'à présent sous son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani. M. Joumblatt accuse le pouvoir syrien d'avoir assassiné son père, Kamal Joumblatt, en 1977, pendant la guerre civile libanaise. Les assassinats de nombreux autres responsables libanais antisyriens sont attribués au pouvoir syrien précédent. M. Chareh a enfin appelé de ses vœux les Libanais à «effacer de leur mémoire le souvenir de l'ancienne Syrie au Liban». Le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a rencontré hier également à Damas le nouveau dirigeant de Syrie, Ahmad al-Chareh, a annoncé le ministère turc des Affaires étrangères. Dans une vidéo diffusée par l'agence étatique Anadolu, MM. Fidan et al-Chareh se saluent et se donnent une accolade. M. Fidan avait annoncé vendredi qu'il envisageait de se rendre à Damas et de rencontrer la nouvelle administration syrienne. Le chef des services des renseignements turcs Ibrahim Kalin s'était rendu le 12 décembre à Damas, quelques jours après la chute du dirigeant syrien Bachar al-Assad. Il avait été filmé en train de sortir de la Mosquée des Omeyyades de Damas, entouré de gardes du corps, selon des images diffusées par la chaîne privée turque NTV. Depuis le début du soulèvement anti-Assad qui a éclaté en 2011, la Turquie est considérée comme un soutien clef de l'opposition à son régime. Elle a accueilli l'opposition politique, des millions de réfugiés et a également soutenu des groupes armés rebelles. La Turquie a cependant rejeté les propos du président américain élu Donald Trump, qui a qualifié la victoire des rebelles en Syrie de «prise de pouvoir inamicale» par Ankara.