Réagissant au propos du président ukrainien Volodymyr Zelenski qui a dénoncé les pourparlers américano-russes en Arabie saoudite autour du conflit en Ukraine, le président Donald Trump n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. Lui jetant à la figure son «impopularité» et «le détournement de l'aide» fournie par l'administration Biden, il a non seulement répété combien il est «bien plus confiant» dans un accord avec Moscou, sur ce dossier crucial, mais il a aussi enfoncé son homologue ukrainien dont il s'est dit «très déçu». Tellement déçu, d'ailleurs, qu'il n'hésite pas à accuser Zelensky d'être le fauteur de troubles et d'avoir généré le conflit en Ukraine. «Aujourd'hui, j'ai entendu ''oh, nous n'étions pas invités''. Et bien, vous avez été là depuis trois ans. Vous auriez dû y mettre un terme, il y a trois ans. Vous n'auriez jamais dû la commencer», a déclaré le magnat américain au sujet du conflit à la base de l'opération militaire spéciale russe depuis le 24 février 2022. Toujours est-il qu'à Riyadh, le MAE russe Sergueï Lavrov et le conseiller diplomatique du président Poutine, Iouri Ouchakov ont convenu, avec le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, Mike Waltz, et l'envoyé spécial au Moyen-Orient Steve Witkoff, de mettre en place une équipe de négociateurs pour cerner les conditions d'une paix en Ukraine. Surtout, cette démarche brille par le fait qu'elle laisse en rade les pays européens et le gouvernement Zelensky tandis que Trump ne tarit pas d'éloges sur des discussions qui ont été «très bonnes» et pour lesquelles il est «bien plus confiant» pour parvenir à un accord mettant fin à la guerre. Poutine s'est félicité, pour sa part, des pourparlers entre chefs de la diplomatie russe et américain, convaincu qu'ils sont un «premier pas» pour rétablir les relations entre les deux puissances. «On m'en a informé, je les évalue positivement, il y a un résultat», a-t-il dit. «La Russie veut faire quelque chose. Ils veulent mettre un terme à la barbarie sauvage», a déclaré Trump qui estime une rencontre avec son homologue russe, Vladimir Poutine, aussi proche que probable. Depuis le coup de téléphone entre les deux dirigeants, la semaine prochaine, un véritable séisme a secoué le Vieux Continent, le président français ayant convoqué en toute hâte un mini- sommet européen à Paris pour convenir d'une stratégie commune face au cavalier seul américain. Seul résultat de l'initiative, tous les pays qui ont été «oubliés» dans ce conclave n'ont pas manqué de manifester leur mécontentement et les fissures apparentes dans le mur européen risquent fort de devenir des trous béants. Depuis son retour à la Maison-Blanche et même bien avant, Trump n'a pas cessé de reprocher à Kiev le détournement des aides américaines au profit d'une caste prédatrice: «Le président Zelensky m'a dit, la semaine dernière, qu'il ne savait pas où était la moitié de l'argent qu'on leur a donné», a ironisé le président américain, tout en critiquant sévèrement l'absence d'élections en Ukraine depuis 2022. «Nous avons une situation où nous n'avons pas eu d'élections, avec une loi martiale et où le dirigeant de l'Ukraine - je suis désolé de le dire - mais il est à 4% d'opinions favorableses», a-t-il conclu. Quant au projet européen d'envoyer des troupes de maintien de la paix, Trump se dit «totalement favorable» avec cette réserve que les Etats-Unis en sont «très loin», promettant de «rééquilibrer l'aide fournie à Kiev avec l'Europe. Nous leur avons donné, je crois, 350 milliards de dollars (...), c'est beaucoup et nous devons rééquilibrer avec l'Europe, parce que l'Europe a donné un bien plus petit montant que cela».