Parmi les nombreux chantiers ouverts par le président de la République depuis son arrivée à la tête du pays, la densification des échanges avec les pays voisins est, de loin, le plus difficile à mettre en œuvre. En 2020, l'obstacle de la pandémie de Covid-19 rendait le projet irréalisable en raison des mesures de fermeture des frontières. Cependant, malgré l'état d'urgence sanitaire dans l'ensemble des pays du Maghreb et du Sahel, le président Tebboune a abordé le dossier du voisinage et a régulièrement instruit le gouvernement pour l'envoi d'aides à la Tunisie, au Niger et au Mali. Bien que cette démarche renvoie à la traditionnelle solidarité que l'Algérie a toujours cultivée envers ses voisins, l'idée maîtresse du projet présidentiel était d'en faire un des attributs d'une coopération multiforme et mutuellement profitable aux peuples de la région. Le chef de l'Etat n'a pas bâti sa politique sur des vœux pieux. En témoignent tous les projets concrets initiés dans l'ensemble des pays frontaliers. La dynamique lancée par lechef de l'Etat au sortir de la crise sanitaire a consisté à ne pas se contenter de la diplomatie des bonnes intentions, mais à mettre en place de véritables infrastructures coûteuses. L'ambition de l'Algérie était claire et également visionnaire. Il s'agissait d'investir dans l'avenir des relations de l'Algérie avec les autres pays voisins. Les zones franches aux frontières avec la Tunisie, la Libye, le Mali, la Mauritanie et le Niger nécessitaient des apports financiers conséquents. Le président de la République considérait certainement que ces installations étaient nécessaires pour bâtir sur des bases solides. Les pays de la région ne doivent pas s'arrêter aux échanges de bons mots, mais surtout des produits fabriqués localement et des services développés par des compétences provenant de ces pays. En clair, Abdelmadjid Tebboune a fait du « compter sur soi » non pas un slogan creux, mais un principe de développement des zones frontalières. Celles-ci, traditionnellement fragilisées par des activités illicites, se trouvent automatiquement sécurisées par une densification des échanges commerciaux. Le processus de stabilisation de ces frontières avec l'ensemble des pays est actuellement en cours. Même s'il est retardé par des aléas politiques au sein des Etats, comme au Mali où un changement de gouvernance et quelques ingérences étrangères ont mis en suspens l'ambitieux projet d'une zone franche algéro-malienne, l'Algérie n'a pas cédé à la provocation. Ce pays a injustement accusé l'Algérie de soutenir une rébellion armée contre le pouvoir de Bamako, ce qui a conduit à une dégradation des relations, jusqu'au rappel de l'ambassadeur malien en Algérie. Avec le Niger, les relations ont évolué en dents de scie, et là aussi, un coup d'Etat a quelque peu brouillé l'image de la coopération entre les deux pays. Cependant, il convient de souligner que le Niger a été sauvé d'une agression meurtrière grâce à la fermeté de l'Algérie, qui a refusé tout recours à une solution militaire. En Libye, le général Haftar n'a cessé de proférer régulièrement des accusations à l'encontre de l'Algérie et même des menaces, mais heureusement sans conséquence. Dans ce voisinage fragilisé par des crises internes, la Tunisie et la Mauritanie font figure d'exemples à suivre. Les deux pays conservent d'excellents rapports avec l'Algérie, en particulier la Mauritanie. À ce propos, le mégaprojet d'une route de plus de 800 km, réalisé par un consortium d'une dizaine d'entreprises algériennes, témoigne du remarquable rapprochement entre Alger et Nouakchott. Cela signifie-t-il pour autant que l'Algérie a perdu du temps et de l'argent au Mali, au Niger et en Libye ? La réponse est bien entendu non. Les interventions de Sonatrach et Sonelgaz dans ces pays ont justement conforté le partenariat et permis de surmonter certaines zones de tension. Il en va ainsi pour le Niger, pays avec lequel l'Algérie entretient d'excellentes relations, tant sur le plan politique qu'économique. La diplomatie de l'investissement a porté ses fruits. La récente signature à Alger des accords portant sur la réalisation du gazoduc transsaharien atteste de l'embellie des relations et, plus encore, confirme le dépassement du point de non-retour. C'est une victoire éclatante de la politique prônée par le président de la République à l'égard des pays du Sahel qui partagent des frontières avec l'Algérie. Le Mali, qui avait eu l'audace mal placée d'invectiver des responsables algériens depuis le siège de l'ONU, a pris conscience de son erreur en renvoyant son Premier ministre et en reprenant contact avec Alger. Cette issue positive de la crise algéro-malienne clarifie la carte géopolitique de la région. En effet, l'épisode de l'ambassadeur de ce pays, qui s'apprête à présenter ses lettres de créance à la Présidence algérienne, couronne une démarche entreprise par le président Tebboune, qui ne se limite pas aux chamailleries et construit sur le long terme une région stable, composée de pays souverains et prospères.