29 pays, des intellectuels, des personnalités du monde de la culture y sont présents depuis jeudi, à Laghouat. «La société algérienne s'est distinguée depuis l'entrée de l'islam en Algérie par le respect des érudits et des hommes vertueux.» C'est certainement dans la foulée de la réconciliation nationale mais aussi et surtout, de la volonté de propulser l'Algérie au rang de nation moderne et tolérante, respectueuse de la civilisation d'autrui, que le président de la République a adressé son message aux participants au Colloque international de la zaouia Tidjania. L'Algérie d'hier ouverte sur les autres civilisations et religions? Chrétiens, Juifs et musulmans y ont trouvé refuge (lors de la chute de Grenade), ils ont cohabité et donné libre cours à leurs croyances et à leurs cultures. Par diffusionnisme, ou culture par emprunt? Les associations ont, en tout cas, donné naissance aux plus belles aventures humaines que cela soit dans le domaine de la spiritualité, de la musique ou de la production littéraire. Des exemples? Saint-Augustin, Albert Camus, Cheikh Raymond... des pans de ce qui fait la mémoire algérienne et qui aura forgé son identité...et c'est là où intervient l'importance du soufi, de la zaouïa tout court. Le discours de la paix et de la tolérance dans la dignité et le respect des croyances des autres, «c'est cette tolérance religieuse, au sens large du terme, qui a fait des fidèles des autres religions ayant vécu la civilisation islamique, des personnes dignes et fières de leur appartenance à cette civilisation», fait remarquer le chef de l'Etat. Il poursuit «grâce à cette cohabitation réussie, la civilisation islamique a vu naître ce qu'on appelle aujourd'hui le citoyen du monde, une première dans l'histoire des civilisations». Une place du Ve arrondissement de Paris vient d'être baptisée du nom de l'Emir Abdelkader. Il est vrai que si l'Algérie est particulièrement sollicitée de par l'attractivité que constitue son embellie financière, ponctuée par un ballet diplomatique sans précédent, l'événement qui fait rage et qui anime la scène internationale n'en demeure pas moins celui du dialogue interreligieux et des civilisations. Et l'Algérie est loin de représenter la cinquième roue du carrosse dans ce domaine. Les caricatures danoises, les propos maladroits du pape Benoît XVI, ou encore plus proche la loi du 23 février, ont reçu des réactions appropriées. M.Dalil Boubekeur, recteur de la moquée de Paris, le chef du gouvernement, M.Belkhadem, nos plus brillants spécialistes, Malek Chabel, Mohamed Arkoun, Mustapha Chérif qui ont écumé les plateaux de chaînes de télévision française, et bien d'autres, ont été les dignes ambassadeurs d'un islam véritable, prônant le dialogue et la tolérance. Lors de l'ouverture de ce colloque international, le chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem a mis en exergue «l'humanisme et la tolérance de l'islam» tout en dénonçant l'amalgame, sciemment entretenu entre islam et terrorisme, d'où la nécessite de montrer à ceux qui ne partagent pas nos valeurs confessionnelles, que l'islam est une religion de tolérance, a-t-il conclu. Les zaouïas, dans le cadre de ce colloque international, et de la propagation des véritables valeurs de l'islam, constituent de véritables centres de rayonnement de la religion musulmane et de la connaissance du Saint Coran. Le choix porté sur la Tidjania n'est pas seulement fortuit mais judicieux. Aïn Madhi (Laghouat) est le berceau de la confrérie et constitue avec Temacin (Touggourt) les deux maisons de la confrérie de la Tidjania, dont le fondateur est Sid-Ahmed Tidjani. Son influence sur l'Afrique en général et l'Afrique sud-saharienne en particulier est manifeste. Présente à travers les cinq continents, elle compte quelque 350.000.000 d'adeptes. Son rôle spirituel recherché répond de manière parfaite aux impératifs civilisationnels du moment.