Loin d'une réglementation rigoureuse, le secteur subit la loi de l'informel. Le secteur du transport dans la wilaya d'Annaba rime avec désordre. Ce constat provoque aussi bien la consternation des usagers du transport sous toutes ses formes, que l'étouffement de la ville sous l'emprise du parc roulant qui ne répond à aucune forme sécuritaire. Non seulement, ce secteur sensible ne joue pas son rôle de facteur promoteur du développement socio-économique, mais il est devenu plutôt un réel danger pour les usagers. Les différentes structures du transport public, telles les stations de bus, gares routières, ressemblent plutôt à de véritables basses-cours où les voyageurs tournent en rond sans espoir de trouver écoute à leur préoccupation. Par ailleurs, la détérioration du cadre d'accueil dans les organisations routières est visible à l'oeil nu. Vient s'ajouter à cette situation, la vétusté du parc roulant. Cet état de fait inquiète de plus en plus les utilisateurs de ces moyens de transport. D'où, à chaque navette effectuée, les usagers des transports en commun appréhendent le moindre danger. Puisqu'il faut le rappeler, les 80% des bus, microbus, taxis et même les wagons de train ont plus de 20 ans ce qui a engendré plusieurs drames. A titre de rappel, au mois de septembre dernier, deux microbus assurant la liaison Annaba-Chabia et Annaba-El Hadjar, à la suite de dérapage du premier, et les freins qui ont cédé pour le deuxième, ont provoqué des blessures graves pour le premier et le décès de deux lycéennes pour le deuxième. A l'origine de ces accidents et à tant d'autres, la vétusté du matériel, d'une part, et le jeune âge des conducteurs, d'autre part. Dans leurs quêtes d'assurer un maximum de rotations pour satisfaire la gourmandise de leurs employeurs, ces «chauffards» enfreignent le code de la route. Cet état d'esprit inconscient mêlé au mercantilisme, met tous les jours la vie des usagers en danger. Dans le même ordre d'idées, le phénomène du transport en fraude, au vu et au su de la direction du transport, pénalise, pour sa part, le Trésor public et les taxieurs affiliés. Il n'y a pas honte à dire que l'informel n'a pas épargné le secteur du transport. Puisque les taxieurs affiliés s'insurgent contre ces rivaux clandestins (taxi jaune), sans numéro, sans plaque. Ces professionnels de l'informel, et autres utilisent leurs véhicules personnels comme moyens de locomotion payants et «piquent» dans l'assiette des professionnels, sans que la direction du transport ne réagisse. Ces clandestins que l'on appelle communément «l'fraudaras» imposent leur diktat. Une pratique devenue un sport local. Ils squattent de plus en plus les stations de taxi en criant «blaça, machi». Tout cela au détriment de la loi et du cadre esthétique de la ville, clochardisé déjà par son tissu urbain. Mais dans tout cela, il y a tout de même la bonne volonté de vouloir booster le secteur, avec des projets prometteurs. Afin de redynamiser ce secteur sensible, quelques milliards ont été dégagés pour la réhabilitation du fameux téléphérique Annaba-Seraïdi, à l'arrêt depuis plus de 10 ans. Cette opération a été confiée, selon le directeur du transport, à une entreprise française qui va procéder à la rénovation complète de ce moyen de locomotion dont l'engouement à son égard se fait ressentir chaque jour un peu plus chez la population seraïdie et annabie. L'opération de réhabilitation comporte tous les équipements du téléphérique, entre autres les cabines et les câbles. Une enveloppe de 70 milliards de centimes a été dégagée pour ce premier projet. Par ailleurs, le directeur du transport de la wilaya d'Annaba fait état du lancement d'une étude relative à l'introduction du tramway à Annaba-ville. Projet retenu à l'instar de Constantine, Alger et Oran. Selon le directeur du transport, Annaba est en phase d'une politique de développement exceptionnelle, notamment en matière de tourisme. Elle doit donc bénéficier de ce moyen de transport, utilisé depuis longtemps dans les métropoles du monde entier. Pour cela, le directeur souligne qu'une étude relative à ce projet, a été confiée à un bureau franco-belge, et devra être livrée au plus tard dans 5 mois. Le bureau franco-belge, qui est actuellement au stade de collecte d'informations, selon le directeur du transport, devra déterminer, à l'issue de sa réunion, le tracé que devra emprunter le tramway, ainsi que ses lignes secondaires. Outre cela, un projet relatif à la construction d'une nouvelle aérogare au niveau de l'aéroport international Rabah-Bitat est en cours de réalisation. Cette infrastructure dont la réalisation a été confiée à une société «Arab Contractors» (El Moukawiline el arab), devra permettre à la ville d'Annaba de disposer d'une aérogare au diapason des normes de sécurité et de navigation internationales. Pour l'heure, il faut d'abord maîtriser la situation actuelle, en éradiquant toute forme de désordre, et imposer l'application des textes de loi. Car, si l'actuelle réalité du secteur n'est pas prise en charge, les projets ambitieux dans lesquels se lance la direction, ne seront qu'une nouvelle brèche aggravant l'anarchie qui caractérise, pour le moment, le secteur.