La frénésie des achats s'empare des Algériens! À quelques jours de l'Aïd El-Fitr, l'Algérie vit au rythme d'une véritable effervescence. Après la fièvre du «Kalb El Louz», place à la ruée vers les boutiques! Depuis le début des vacances scolaires, les familles se lancent dans une course effrénée pour préparer la fête. Dès la rupture du jeûne, les rues commerçantes sont prises d'assaut, formant un flot ininterrompu de passants, majoritairement des femmes et des enfants, venus acheter vêtements neufs et ingrédients pour les gâteaux traditionnels. Dans toutes les grandes villes du pays, les artères commerciales ressemblent à de véritables vagues humaines. Les transports en commun tournent à plein régime, facilitant l'accès aux centres-villes où l'on peine à circuler. «C'est incroyable, il y a un monde fou! On dirait qu'il y a un concert géant, mais non, tout le monde est là pour acheter ses vêtements de l'Aïd», s'amuse Amal, une mère de famille venue avec ses trois enfants. Face à cette affluence, la circulation automobile devient quasi impossible, et les forces de l'ordre sont mobilisées jusqu'à l'imsak pour sécuriser les lieux et canaliser les flux de piétons. Leur présence est rassurante, surtout pour les femmes et les jeunes filles qui arpentent les rues tard dans la nuit à la recherche de la meilleure affaire. «Pendant le reste de l'année, sortir seule à cette heure-là, c'était impensable. Aujourd'hui, je peux tranquillement faire mon shopping avec mes amies», témoigne Lina, une étudiante de 22 ans rencontrée à Draria Cette année, l'impact financier des achats semble moins pesant grâce aux mesures mises en place par les autorités. Pour la première fois, le gouvernement a autorisé des soldes «spécial Ramadhan», notamment sur les vêtements. «On a adhéré à l'opération et appliqué des réductions allant jusqu'à 40% sur certaines collections», confirme le gérant d'une enseigne de prêt-à-porter à Alger. Selon le ministère du Commerce, 200 grands magasins, en particulier des franchises internationales, participent à ces promotions. Une aubaine pour les familles qui cherchent à habiller leurs enfants sans trop entamer leur budget. «J'ai pu acheter une tenue de marque complète pour mon fils avec 10 000 dinars, alors qu'il y a quelques années, il fallait le double», raconte Samir, père de deux enfants. À côté des enseignes connues, les petits commerçants profitent également de l'engouement. Le textile turc et chinois, ainsi que les chaussures dites super-good - des imitations de grandes marques - connaissent un véritable succès. «On veut que nos enfants soient à la mode, même avec un budget limité», explique Amina, tout en scrutant les rayons d'un magasin de la braderie de Rouiba. L'excitation des préparatifs ne se limite pas aux vêtements. Les magasins spécialisés dans les produits de pâtisserie, comme Zaki Emballage, sont également pris d'assaut. «Venderdi soir, c'était un délire total! Impossible d'avancer dans les allées, tout le monde voulait ses amandes, son chocolat et ses caissettes pour les gâteaux», s'étonne Wahiba, une habituée des lieux. Des animations y ont été organisées pour attirer encore plus de clients. «Ils ont mis en place des démonstrations de pâtisserie en direct. Ça a cartonné! Le magasin à Dar El Beïda a presque paralysé la rocade sud d'Alger. Après leurs emplettes, nombreux sont ceux qui prolongent la soirée dans un café ou un restaurant. «C'est devenu un rituel, on fait nos courses, puis on se pose en terrasse pour un thé ou une glace», raconte Mehdi, attablé avec sa petite famille. La scène est marquée par une mixité assumée: groupes de jeunes filles profitant de ces derniers jours de Ramadhan, familles dégustant des desserts, ambiance détendue et conviviale. Cette frénésie traduit le visage d'une Algérie moderne, dynamique et en pleine effervescence à l'approche de l'Aïd. Un pays où l'on vit pleinement ces moments de partage et de tradition. Un peuple qui vit bien, il dépense et profite de la magie de ces instants.