Chaque spectacle revêt son propre style et son charme particulier. Et celui animé par Kamel Aziz, digne héritier d'Amar Ezzahi, à la salle de cinéma Djurdjura de la ville de Tizi Ouzou, est sans doute l'un des meilleurs de cette année. Kamel Aziz, comme d'habitude, était au summum de sa forme. Il était vraiment inspiré comme le démontre la qualité de sa prestation artistique de cette soirée ramadhanesque qui a rassemblé des centaines de spectateurs dont plusieurs familles, mais aussi des férus du genre musical chaâbi. La soirée a permis à trois artistes de se succéder sur scène comme le veut la tradition des soirées chaâbies qu'organise la direction de la culture et des arts de la wilaya de Tizi Ouzou dans la salle de cinéma Djurdjura. Le premier à monter sur scène n'est autre que Brahim Dris, figure très connue et estimée du chaâbi dans la ville de Tizi Ouzou. En plus d'être un artiste au long parcours, Brahim Dris a enseigné la musique à des générations de musiciens issus d'un peu partout. C'est tout naturellement que certains de ses anciens élèves de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri étaient présents dans la salle et ont longuement et chaleureusement acclamé leur matre. Brahim Dris a donné le meilleur de lui-même lors de ce spectacle en interprétant des titres illustres de la chanson chaâbie avant de clore sa partie par une chanson d'expression kabyle rythmée afin d'égayer l'atmosphère. Wassim Alim est plutôt beaucoup plus jeune que son aîné Brahim Dris, mais il ne manque pas de talent. Il a réussi à offrir un beau spectacle aux présents avec sa voix, mais surtout avec sa façon d'interpréter qui montre qu'il s'agit bel et bien d'un artiste qui a de l'avenir et qui ira loin. Aux environs de 23 heures, l'heure est enfin arrivée pour que Kamel Aziz fasse son apparition sur scène. Un tonnerre d'applaudissements l'accueille. Souriant, Kamel Aziz salue l'assistance d'un geste affectueux de la main et entame, sans trop tarder, son spectacle au cours duquel les présents sont restés imperturbables et concentrés comme lors d'une véritable séance d'hypnose. L'artiste chaâbi, très estimé pour ses capacités vocales mais aussi pour sa façon phénoménale de manier le mandole, s'est, comme à l'accoutumée, livré à coeur joie à ses sorties d'improvisation qui n'ont pas cessé de rythmer agréablement la soirée. Kamel Aziz a interprété une chanson de Dahmane El Harrachi en lui imprimant un cachet particulier propre à lui. Le public en a été émerveillé. Il a ensuite enchaîné avec de célèbres chansons chaâbies immortalisées par les géants du genre comme Amar Ezzahi, El Hachemi Guerouabi et Boudjemâa El Ankis. L'un des moments les plus forts du récital de Kamel Aziz a été celui où ce dernier a interprété Slaâvits a yavahri la chanson de Matoub Lounès. Le public s'est alors mis à chanter avec lui en totale communion tout en lançant continuellement des applaudissements devant un artiste qui a émerveillé ses fans surtout par sa façon originale et unique de titiller sa guitare. Mais aussi par ses techniques lui permettant de surfer sur plusieurs styles tout en se maintenant dans l'âme du chaâbi. Le temps est passé tellement vite en cette belle soirée qui s'est déroulée dans la sérénité et la convivialité familiale! Kamel Aziz a été comblé par la réaction du public de Tizi Ouzou qu'il retrouve une année après le spectacle qu'il avait donné il y a une année à l'occasion des soirées ramadhanesques.