C'est une nouvelle séance de négociations entre les inspections du travail et les employeurs. Le ministère du Travail et de la Sécurité sociale entend concrétiser les augmentations salariales. Les accords SGP-Ugta et patronat-Ugta sont restés jusqu'à maintenant en demi-teintes. C'est le cas aussi pour la décision d'un Snmg à 12.000DA, issue de la 12e tripartie de septembre dernier. Au terme d'un processus de conciliabules marathon, il a été décidé que les salaires des travailleurs du secteur public connaîtront une augmentation réelle de 20 à 25%. Quant aux salariés du secteur privé, ils bénéficieront d'une augmentation de 10 à 20%. Le département de Tayeb Louh se mobilise, paraît-il, pour une application rapide. Il vient d'adresser une note à tous les inspecteurs de wilaya du travail pour «veiller» à l'application des mesures contenues dans les conventions de branche. Les deux secteurs, public et privé, sont concernés. Cette initiative fait suite à la signature, récemment, à en croire Abdelmadjid Sidi-Saïd, patron de l'Ugta, du décret exécutif qui fixe le Snmg à 12.000DA. Les inspections du travail de chaque wilaya sont appelées à «établir, trimestriellement, des rapports détaillés sur l'état de mise en oeuvre, par les entreprises, des mesures contenues dans les conventions de branche et les remettre à l'administration centrale», lit-on dans la note diffusée par le ministère du Travail. Le département de Tayeb Louh donne, ainsi, l'impression de passer à la vitesse supérieure et faire appliquer coûte que coûte la réglementation. Conscient que la bataille d'application au niveau du secteur privé est rude, Tayeb Louh exige une «attention particulière» au niveau des entreprises privées. Car, estime-t-on, ce secteur est «sous-encadré en matière de négociation collective». Un désaveu pur et simple pour Salah Djenouhat, chargé de l'organique à l'Ugta. L'appréciation du ministère du Travail va à l'encontre de ses précédentes déclarations selon lesquelles 850 cellules syndicales sont implantées dans le secteur privé. Cette note vient, ainsi, au secours du partenaire social et combler le vide syndical. D'ailleurs, la note en question fait le rappel sur le rôle de l'inspection du travail dans l'accompagnement des partenaires sociaux. Autre exhortation: les inspecteurs du travail sont «tenus de tirer partie de tous les moyens d'intervention et d'appui prévus par leurs missions et de l'expérience dont ils disposent en matière de conseil et d'assistance des entreprises». Jusqu'ici, les interventions des inspections du travail sont très minimes. Le travail d'enquête, principale besogne de ces inspections, s'est réduit à une simple réponse au sujet d'une plainte introduite par un salarié victime d'une injustice. Une réalité ne souffrant d'aucune ambiguïté. Désormais, deux principales missions ont été arrêtées pour ces inspecteurs. Primo: les agents s'appliquent à la mission de sensibiliser les organismes employeurs sur la nécessité d'entamer des négociations visant «la révision des conventions collectives d'entreprises à la lumière des dispositions nouvelles intervenues dans ce cadre». Secundo: les inspecteurs du travail devront se munir d'un bagage nécessaire afin de répondre aux informations ayant trait au «contenu des conventions collectives et tout particulièrement, la convention de branche-cadre», conclus entre l'Ugta et le patronat. Une troisième tâche a été insérée. Les inspecteurs devront «saisir toutes les possibilités qui leurs sont offertes, (...) pour sensibiliser les organismes employeurs sur les avantages de la mise en place de ces instruments des relations de travail». Encore une nouvelle séance de négociations entre les inspecteurs du travail et les employeurs. Les appareils de l'Etat, au lieu de faire preuve de rigueur pour l'application des lois, donnent l'impression d'aller, une fois de plus, avec le dos de la cuillère. Les augmentations salariales risquent de prendre les allures des précédentes décisions.