L'Algérie est placée au 4e rang mondial des accidents routiers, mais occupe la 1re place dans le Maghreb et le monde arabe. Les accidents de la circulation rendent nos routes meurtrières. Les dégâts humains et matériels sont considérables et les chiffres sont là pour en témoigner. 24,1 milliards de dollars de pertes économiques sont causées, annuellement, par les accidents routiers dans le monde arabe. Un chiffre qui représente, également, le coût économique de la prise en charge des blessés et des morts, selon une étude intitulée «Les accidents de la circulation dans le monde arabe: dimensions et évaluation des coûts économiques» réalisée par le Dr Amer Ben Nacer El Matir Elssaleh, professeur à la Faculté des lettres en Arabie Saoudite. Les pertes occasionnées aux patrimoines public et particulier représentent à elles seules, 19,1 milliards de dollars, annuellement, de l'ensemble du déficit économique engendré, soit 79% du coût global. La même étude révèle que la moyenne des coûts de la prise en charge des blessés des accidents routiers dans le monde arabe est estimée à près de 3,4 milliards de dollars, annuellement, alors que pour les décès, le coût est évalué à 1,5 milliard de dollars l'an. Ainsi, il ressort clairement de cette étude que ce phénomène est, aujourd'hui, un véritable fléau socio-économique qui constitue un sérieux frein au développement des pays du monde arabe. La même étude fait ressortir que l'Arabie Saoudite vient en pole position des pertes avec 24 milliards de rials (6,4 milliards de dollars) annuellement, soit un taux de 27% de la moyenne des coûts économiques des accidents routiers dans le monde arabe. Le Maroc est classé en deuxième position suivi du Qatar, de l'Algérie et de la Jordanie alors que l'Egypte est placée au dernier rang des six pays enregistrant les plus importantes pertes en matière d'accidents de la route. Il convient de souligner qu'en Algérie, une baisse de 11% du taux d'accidents de la circulation est enregistrée. Mais il n'en demeure pas moins que notre pays est toujours mal classé. Il est placé au 4e rang mondial des accidents de la route, derrière les Etats-Unis, l'Italie et la France, mais occupe la 1ère place dans le Maghreb et le monde arabe. En moyenne, l'Algérie enregistre, chaque année, 3000 tués, plus de 3000 blessés et 3030 handicapés. Les études font ressortir, également, que les accidents routiers en Algérie coûtent au Trésor public 50 milliards de dinars annuellement, soit 2% du PIB. Il faut dire qu'en dépit de la multiplication des campagnes de sensibilisation au cours de ces dernières années, aucune d'elle n'a concouru à stopper cette hécatombe. Revenant à l'étude du Dr Amer El Matir, il est indiqué que la moyenne du nombre de blessés des accidents dans le monde arabe est de 10 fois plus qu'en Amérique et en Angleterre tandis que la moyenne du nombre de décès par 10.000 véhicules est de 10 fois plus qu'en Amérique, en Angleterre et en France. Pour le Dr Amer El Matir, cette situation s'explique, essentiellement par la circulation des engins agricoles et des camions dans les zones rurales et leur utilisation comme moyen de transport individuel en plus du manque de contrôle routier dans ces zones. Enfin, l'initiateur de l'étude appelle à une mobilisation arabe à travers l'adoption d'une stratégie de lutte contre ce fléau, insistant sur la nécessité d'assurer le transport public à l'intérieur des villes. Il indique dans ce sens que le nombre de bus pour 100.000 habitants dans le monde arabe est «insignifiant» comparativement aux autres pays. Pour étayer ces propos, il cite, à titre d'exemple, que 14 bus seulement sont mis à la disposition de 100.000 Saoudiens, 110 en Egypte pour le même nombre de personnes alors qu'aux Philippines, ce nombre est de 530 bus pour 100.000 habitants.