La démocratie serait-elle un choix désormais irréversible pour ce parti ? Ça y est, c'est fini, l'attente n'est plus de mise, car c'est bel et bien ce soir que le FLN, qui réunira ses deux instances suprêmes (bureau politique et comité central) autour de son secrétaire général à l'hôtel Le mouflon d'or à Alger, renouvellera solennellement son acte d'engagement dans les deux échéances électorales à venir, à savoir: les législatives et les municipales. On se réunit ainsi pour discuter, mais aussi pour décider qui des membres du bureau politique irait à l'Est et à l'Ouest, qui enfin irait au Sud et au Nord pour superviser les listes de candidats appelés à participer. Ce soir, outre leur rôle habituel, comme par exemple d'assister le secrétaire général dans sa conduite du parti entre deux sessions du congrès du FLN, les membres du BP auront à prendre en charge la supervision des listes de candidatures sans chercher à manifester leur préférence pour l'un ou l'autre candidat, sans quoi leur charge de superviseur risquerait à tout moment de les conduire à être taxés de népotistes. D'où l'intégrité requise pour chacun d'entre eux si l'on veut que les prochaines consultations électorales se déroulent sans suspicion de la part d'une opinion publique armée, certes, de patience mais qui, en fait, n'a jamais désarmé pour renforcer le caractère «propre et transparent» des opérations de vote. D'ailleurs on se rend de plus en plus compte que, perdurer dans cette voie, priverait la relation de la majorité des militants, avec les institutions, d'une crédibilité certaine, même si elle se voulait transcendante par rapport aux enjeux mettant en compétition le FLN et le RND qui auront pour devoir non seulement de remporter les prochaines législatives, mais aussi d'endiguer le retour, très peu probable, il est vrai, de la clientèle de l'ex-FIS sur le devant de la scène électorale. La masse des militants du FLN exige aujourd'hui qu'avant de se rapprocher des urnes, le citoyen-votant se doit de diriger son regard ailleurs que sur le nombre de candidatures à mettre en place pour que la leçon à tirer des élections, ne puisse servir que les intérêts du parti et, par voie de conséquence, l'Algérie. Pourquoi toutes ces prévenances alors que le corps électoral n'a pas encore été officiellement convoqué par le Président de la République? Réponse: «Vaut mieux prévenir que guérir», nous ont confié des responsables du FLN hier après-midi. Manière de dire, mais surtout de rompre avec les pratiques qui étaient en usage avant le 5 octobre 1988. la démocratie serait-elle un choix désormais irréversible pour le FLN? C'est en tout cas ce qui semble recueillir les suffrages du plus grand nombre au sein du plus vieux parti de l'Algérie indépendante. Démocratie, mais aussi modernité, ce dernier critère garantissant à lui seul une évolution sans entrave vers la solution tant désirée de l'émancipation de la femme algérienne dans la société. Oui, me diriez-vous tout ceci est bien beau vu sous l'angle théorique, mais sur le terrain, par exemple en Grande Kabylie, le FLN sera-t-il présent pendant les deux scrutins énoncés? Bien sûr que oui, nous a répondu un membre du bureau politique durant la cérémonie des voeux de l'Aïd à Ali Benflis. Mais alors tout le bourrage de crâne de ces derniers mois, ne serait-il qu'un gigantesque écran de fumée masquant mal la vérité prévalant sur le terrain? La réponse est également oui, mais elle ne saurait escamoter l'existence de plusieurs «officines» en compétition dont le rôle consiste à noircir du mieux qu'elles peuvent la situation en Grande Kabylie, notamment pour décourager les gens à se rendre aux urnes. Ce qui n'est pas de l'avis de la direction du FLN dont les kasmate n'ont jamais fermé boutique.