Un compagnon de Larbi Ben M'hidi et le frère cadet de Mohamed Belouizdad étaient présents à cette émouvante commémoration. Les conférenciers, qui sont intervenus hier lors de cette cérémonie à la Bibliothèque nationale, ont manqué d'adjectifs et même de superlatifs dans leurs discours pour dire avec justesse les qualités du glorieux moudjahid que fut Belkacem Bouchafa dit Si Mokhtar ravi aux siens et à ses compagnons de lutte et amis un certain 30 juin 1991 à Alger à la suite d'une hémorragie interne. Agé de 64 ans, il venait alors d'être désigné président de l'Association des anciens condamnés à mort par le pouvoir colonial. Nombreux étaient dans la salle ceux qui ont combattu à ses côtés, qui l'ont connu ou côtoyé, même après l'Indépendance du pays, appréciant ses qualités humaines et intègres et l'amour qu'il cultivait pour son Algérie. Il serait prétentieux de notre part de retracer avec exactitude le fascinant parcours de ce militant hors-pair, mais certains faits et actes méritent d'être rapportés ici. S'il était «mal-aimé» par ses chefs, il jouissait de leur respect sans faille malgré une certaine indiscipline dont il faisait preuve dans certaines missions, dira l'un des conférenciers parmi lesquels se trouvaient Si Chergui, ancien compagnon de Larbi Ben M'Hidi et le frère cadet de Mohamed Belouizdad. Aux gendarmes, qui l'encadraient au Palais de justice, au lendemain du premier détournement d'avion dans le monde, dans lequel se trouvaient les cinq dirigeants du FLN, effectué par l'armée coloniale qui lui disaient «c'est fini pour vous, Ben Bella a été arrêté», pragmatique, il leur lancera: «Il y a des milliers d'autres Ben Bella au maquis», rapporte un compagnon du héros. «En prison, il était meneur d'hommes et participait à toutes les grèves de la faim, se culpabilisait à la place des autres pour leur éviter sanctions et sévices...» C'est là quelques témoignages anecdotiques rapportés par ses compagnons de lutte, présents dans la salle. Dans une courte intervention, mais pleine de passion et de fougue tranquilles, Athmane, frère cadet de Mohamed Belouizdad, a demandé à l'assistance nombreuse de veiller, à l'occasion de pareilles rencontres de se faire accompagner par un jeune «pour lui passer le flambeau, comme pendant la Révolution où chaque militant devait ramener un autre militant pour rallier la cause». Né le 16 avril 1927 à Rekkada (Texenna, wilaya de Jijel), Bouchafa est arrêté en juin 1956 et emprisonné à Serkadji (Alger) avant de s'évader le 29 janvier 1961 de l'hôtital Mustapha Bacha d'Alger où il était hospitalisé. Il rejoint aussitôt le maquis pour ne le quitter qu'à la fin de la Révolution. L'Association historique et culturelle du «11 décembre 1960», organisatrice du «cycle de rencontres avec l'Histoire», a été créée en 1996 pour s'implanter dans tout le pays. Sa dénomination revient à Mohamed Zitouni, commissaire politique au FLN. Elle a à son actif plusieurs activités dont la commémoration de l'assassinat des «quatre martyrs» (Hassiba Ben Bouali, P'tit Omar, Ali La Pointe, et Bouhamidia), en octobre 1996 au lycée Hassiba Ben Bouali (Kouba) et au mémorial des Martyrs (Makam Echahid) de la construction de la stèle du 11 décembre 1960 à Belouizdad, d'une conférence sur l'OS à la Bibliothèque nationale...Elle a pour but de se rapprocher de la vérité pour écrire l'Histoire, «afin que nul n'oublie» comme le clame sa devise.