Au niveau des marchés internationaux, les prix ne cessent d'augmenter. La tension autour du lait en sachet ne cesse de monter. La production va decrescendo. La livraison de même. Les producteurs privés menacent de monter au créneau si l'Etat persiste dans son refus quant à l'augmentation des prix de ce produit de base. Du côté des commerçants, on fait état de la baisse sensible de livraison. «Avant, je recevais environ 15 cagettes, maintenant j'en reçois 10, et la crise n'a pas encore commencé!» constate un commerçant de Birkhadem. Celui-ci fait remarquer, en outre, que même si la pénurie est imminente, il n'en demeure pas moins qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer. «Ce ne sont que des spéculations», estime-t-il. La spéculation a, certes, une part de responsabilité dans cette affai-re, mais «il faut voir au niveau des marchés internationaux. Le prix du lait en poudre monte de plus en plus, et face à cette crise, je me demande comment pourrons-nous résister», s'interroge un épicier à Aïn Naâdja. Chez le groupe Giplait, les choses poursuivent leur cours normal. Hier matin, par une journée ensoleillée et radieuse, les travailleurs continuent à produire. A l'entrée de cette unité de production, sise à Birkhadem, les camions de livraison entrent et sortent. «Nous ne sommes pas en rupture de stock», affirme M.Benchine Brahim, sous-directeur de la production au niveau de Giplait. «Certes, nous avons un seuil de production à respecter, qui est de 200.000 litres/jour, mais nos clients reçoivent quotidiennement la quantité qu'ils recevaient auparavant», affirme notre interlocuteur. Celui-ci ne va pas sans ajouter que «Giplait ne peut, bien sûr, pas aller au-delà du seuil de 200.000 litres/jour, puisque déjà sur les marchés internationaux, il y a une pénurie». Il faut souligner, dans cette optique, que cette pénurie a conduit automatiquement à l'augmentation des prix du lait en poudre. Cette matière est cédée à 3800 dollars la tonne. «Et l'Etat, même s'il est en pure perte, continue toujours de subventionner ce produit», rappelle le sous-directeur de la production de Giplait. Actuellement, le prix du litre de lait en sachet est de 25DA. Mais les producteurs privés exigent, d'ores et déjà, la révision de ce tarif qui, à en croire ces mêmes producteurs, leur inflige des pertes considérables. Déjà jusqu'à présent, sur 98 producteurs privés, 15 ont mis la clé sous le paillasson. La situation est, selon toute vraisemblance, proche de l'explosion. L'on se retrouve face à un véritable dilemme: si les prix du lait en sachet restent inchangés, les producteurs seront obligés de jeter l'éponge; et au cas où l'Etat augmenterait les prix, le citoyen serait pénalisé. D'autant plus que les conditions de vie des Algériens ne cessent de se détériorer. C'est cette donne que les opérateurs privés, qui exigent la libération des prix, ne semblent pas prendre en compte. De toute manière, les producteurs privés ont déjà déterré la hache de guerre. Ils menacent de recourir à une grève générale si jamais l'Etat n'entame aucune procédure susceptible de remédier à cette situation qui s'annonce catastrophique. Le temps est venu de retrousser les manches pour assurer son autosuffisance, que ce soit en matière de lait, de farine ou autres. C'est là, la meilleure solution à même d'éviter une situation de crise inextricable qui risque d'engendrer, à l'avenir, des crises plus aiguës.