La contrefaçon envahit le marché algérien. Son chiffre d'affaires dépasse l'entendement. A titre d'exemple, l'entreprise BCR perd, chaque année, 500 millions de dinars. Le phénomène de la contrefaçon touche près de 10% des échanges commerciaux dans le monde. Le commerce international de biens contrefaits ou piratés est estimé à environ 500 milliards de dollars. Une évaluation sommaire de l'impact économique de la contrefaçon montre que le manque à gagner annuel sur les recettes de l'Etat est de 38,5 millions de dinars en taxes sur l'activité professionnelle (TAP) et de 333,8 millions de dinars en taxes sur la valeur ajoutée (TVA). L'heure est grave. Il convient d'agir avec diligence et urgence pour sauver l'économie, d'une part, et la santé des populations, d'autre part. C'est maintenant qu'il faut agir car la fermeture des industries aura pour conséquence une grogne sociale difficilement maîtrisable. Pour faire face, la Direction générale des douanes algériennes (DGD) et le groupe multinational hollando-britannique Unilever, viennent de signer un protocole d'accord pour lutter ensemble contre la contrefaçon des produits cosmétiques produits et/ou commercialisés par ce groupe sur le marché algérien. Les documents ont été signés par le directeur du contentieux auprès de la DGD, M.Amar Maâlem, et le chargé de la lutte contre la contrefaçon auprès de Unilever, M.Hichem Gouicem, en présence de hauts responsables de l'administration douanière. L'accord prévoit de privilégier la formation et l'échange d'informations. Dans ce sens, Unilever dispensera une formation au profit des douaniers algériens afin de les doter des capacités techniques leur permettant de reconnaître les produits cosmétiques effectivement fabriqués par cette société de ceux contrefaits. L'autre volet de la coopération porte sur un échange d'informations entre les Douanes algériennes et Unilever pour lutter contre la contrebande et la contrefaçon des produits de cette société, qui dispose d'une unité de production à Oran. A la suite de cet accord, il sera possible aux douaniers algériens en cas de suspicion sur l'authenticité d'un article importé, de prendre contact avec le propriétaire de la marque pour engager des poursuites judiciaires à l'encontre des contrevenants. C'est le second accord du genre signé par les Douanes algériennes avec le propriétaire d'une marque étrangère. Le premier a été contracté en mai dernier avec la société British American Tobacco Algérie (BAT Algérie) pour les produits de tabac de cette société. Ces accords entrent dans le cadre «de l'action engagée activement par l'Algérie pour la lutte contre la contrebande et la contrefaçon, et qui s'est déjà traduite par une mise à niveau législative et réglementaire pour mieux lutter contre ce fléau, désormais mondial», a souligné Laâlam Nabi, chef de cabinet auprès de la DGD. Sur un autre plan, certains propriétaires des marques internationales activant en Algérie ont pris l'initiative de se constituer en groupe pour une meilleure coordination dans la lutte contre la contrebande dont les effets néfastes touchent, à la fois, les intérêts de l'Etat, de l'entreprise et de la santé publique. Font partie de ce groupe informel, jusqu'à maintenant, les sociétés Pfizer (pharmacie), Danone et Nestlé (agro-alimentaire), Nike (habillement sportif), Altadis et Tobacco (tabac), Protecter and Gamble (détergents) et Unilever (cosmétiques). Le manque à gagner au détriment des membres de ce groupe et le préjudice causé au Trésor public algérien serait de 200 millions d'euros annuellement, selon le représentant d'Unilever.