«Il n' y a pas d'alliances, il n'y a que des intérêts», disait le général Charles de Gaulle. Lorsque Droukdel et Mezrag commencent à se «tirer» dessus par des communiqués interposés que doit-on comprendre? Lorsque le chef du Gspc fait des reproches à l'ancien chef de l'AIS dissoute, quel message doit-on saisir de cette polémique à l'apparence stérile mais qui renferme le grain d'une fetwa sans nom? En interpellant Droukdel, Madani Mezrag s'était-il rendu compte que la majorité des Algériens ne l'ont jamais considéré comme une «référence» ou une voix autorisée? Il a certes emprunté la voix de la réconciliation nationale. Cependant, rien ne lui permet d'utiliser cette démarche comme «une carte à jouer» ou un «fonds de commerce». Des centaines d'anciens éléments des groupes armés ont déposé les armes et sont rentrés chez eux, sans bruit. La plupart d'entre eux ont réintégré la société et vivent le plus normalement du monde. Est-ce le cas de Mezreg? Lorsqu'il parle au nom de l'AIS, ne fait-il pas preuve d'insolence? On raconte qu'il mène la belle vie au moment où des centaines de soldats traquent les hordes sauvages du Gspc! Ce groupe qui a décidé de faire la guerre à l'Etat et à la République, et par la voix de son chef, évoque les conditions sociales du peuple algérien et parle de la cherté de la vie et la hausse des prix! Droukdel a-t-il oublié qu'une bonne partie de l'argent qu'il reçoit provient directement et indirectement des réseaux mafieux qui affament les Algériens. Il le sait, mais n'en a cure. Ces milliers de jeunes harraga n'ont pas vraiment besoin d'un défenseur comme lui. S'il fuient le pays, c'est bien à cause de Droukdel et tous ceux qui le soutiennent dans son infernale besogne. Droukdel au même titre que Mezrag est très mal placé pour parler des problèmes du peuple algérien. Entre 1994 et 1995, lorsque des terroristes de l'AIS assassinaient des gendarmes ils n'hésitaient pas à revendiquer ces attentats en les présentant comme des faits d'armes contre des «taghout». Les communiqués étaient souvent placardés près des mosquées et portaient l'aval de Madani Mezrag. Après sa reddition, celui qui se présente toujours comme le chef de l'AIS aurait dû faire profil bas. Il aurait été plus crédible. Le terrorisme a décidément donné lieu à des situations problématiques. Des situations qui autorisent un individu comme Droukdel à avoir une voix au chapitre au moment où des cadres de grande valeur subissent hogra et anonymat. Lorsqu'on est responsable de faux barrages, rackets et enlèvement et autres exactions, peut-on s'aventurer à parler des conditions de vie de la population qui a dit oui à la paix et s'est prononcée à plusieurs reprise contre le terroriste? Dans sa recherche effrénée d'une médiatisation, Madani Mezrag ne se pose pas trop de questions sur l'«immense» intérêt que lui accorde aujourd'hui une chaîne comme Al Jazeera. Cinq minutes. Pas une de plus. Mais largement suffisante pour obnubiler Madani Mezrag et lui faire oublier que la démarche de la paix lui a été imposée avant qu'il ne la cautionne. Les Algériens saluent peut-être la sagesse de sa position, mais cela ne lui donne pas le droit de parler au nom d'une organisation qui n'existe plus. «Une armée de surcroît» dans une République dotée de sa propre armée. Son appel aux jeunes égarés de déposer les armes n'arrange pas Droukdel. La réaction de ce dernier n'arrange pas Mezrag qui souligne dans son intervention que le message de paix n'est pas destiné au chef du Gspc mais à ses acolytes? Qui croire dans cette «guerre» larvée où les intérêts personnels sont mis en avant.