Elle dénonce avec vigueur les inégalités dont sont victimes ces femmes promises. Leur marchandage et les pratiques quasi policières employées par les maris... Devant un parterre de journalistes, le Théâtre régional de Béjaïa (TRB) a présenté hier matin une conférence de presse au Théâtre national algérien Mahieddine - Bachtarzi, pour présenter leur nouvelle pièce intitulée Uzzu N'Tayri (Les genêts de l'amour) de Hadjira Oubachir et mise en scène par Djamel Abdelli. Uzzu N'Tayri relate une histoire d'amour entre Aziz et Azuzu, deux jeunes épris l'un de l'autre, mais n'étant pas de la même tribu et Azuzu a été promise, dès son plus jeune âge à son cousin, Larbi. Leur amour est compromis et leur union devient impossible. Les tabous sont souvent issus de relations spéciales entre des entités invisibles, c'est pourquoi ces personnes doivent observer un nombre élevé d'interdits pour préserver leur éminence. La question implique une double perspective, l'amour qu'on porte à l'autre et celui dont on bénéficie de sa part, Cela signifie que le sujet amoureux n'est pas sûr de bénéficier d'une relation symétrique. Cette dernière est dans le texte une passion qui pousse un sujet à percevoir autrui comme une valeur absolue, qui lui fait désirer d'être perçu comme tel par autrui, qui, dans le meilleur des cas, place deux sujets en position de réciprocité absolue. Une telle approche des relations aboutit à l'aliénation du sujet, voire à la négation de l'objet de son désir. Mieux, en examinant les circonstances idéologiques et sociales de son émergence, la passion est assimilable à la folie. On insistera surtout sur l'aspect mortifère, la souffrance, la menace et le deuil qui finissent par annuler toute possibilité d'affection. Le contact avec eux implique la soumission à des interdits temporaires. Celui qui a violé un tabou n'aura le choix que de s'exiler, au même titre que les meurtriers, les voleurs et les fugitifs. Il évitera par là d'attirer des malheurs sur la communauté à laquelle il appartient. Durant la conférence, Hadjira Oubachir, explique le fond de la pièce, en dénocant avec vigueur les inégalités dont sont victimes ces femmes promises. Leur marchandage, les pratiques quasi policières employées par leurs maris consommateurs pour s'assurer de la bonne santé physique et morale de leur promise et les stéréotypes ethniques déployés pour renforcer l'image des femmes dépendantes, soumises et fragiles. À partir de l'analyse des femmes victimes de ce type de violence, les auteurs proposent un schéma multidimensionnel du processus basé sur les sentiments, les aspects cognitifs et les comportements. Les inégalités sociales et économiques contribuent aussi à la vulnérabilité des femmes. Mais à propos du travail de proximité, en général et à Béjaïa, en particulier, le directeur du Théâtre régional de Béjaïa souligne qu'«aujourd'hui cet espace scénique s'inscrit autant dans l'édifice théâtral, que dans l'espace public, urbain ou rural, fixe ou itinérant, friche ou abri convoquant l'ensemble des disciplines artistiques, pour le plaisir des sens, le divertissement, et la confrontation avec les histoires de notre temps.» Le théâtre nous offre un champ d'étude privilégié pour la conception d'espaces destinés à établir des relations entre émetteur et récepteur (comédiens et spectateurs) en élargissant les espaces destinés à des contacts, à des échanges et à la représentation, autrement dit, faire un travail de proximité. C'est dans ce sens que la troupe du Théâtre régional de Béjaïa, à sa tête M.Omar Fetmouche, veut accentuer son travail juste après son retour du Yémen où elle représentera l'Algérie dans un festival.