La plupart des candidats n'arrivent pas à faire la distinction entre mandat national et local. Timide, la campagne électorale s'embourbe dans des généralités. Les leçons des dernières législatives n'auront pas servi à grand-chose, sinon pour étoffer le lexique populiste des partis. On promet des postes d'emploi, des logements et même des centres de santé. Certains n'hésitent pas à empiéter sur les plates-bandes du gouvernement. Sans la moindre visibilité et encore moins de propositions concrètes, les candidats continuent de naviguer à vue. D'autres, après une longue période d'hibernation, se mettent au pilotage automatique à un point tel que la plupart des candidats n'arrivent pas à faire la distinction entre mandat national et local. Les deux premiers jours de la campagne électorale illustrent parfaitement l'indifférence, aussi bien des électeurs que des candidats eux-mêmes. Indices: les sites d'affichage sont quasiment vides. Les quelques portraits qui y sont placardés datent des derniers scrutins. Ce sont pour la plupart des portraits des leaders des formations en lice. On a même l'impression qu'ils avaient «rajeuni» de quelques années. Rares sont les partis politiques qui affichent les listes de leurs candidats. Ce qui s'appelle, tomber dans le «panneau» de l'improvisation. Cette ambiance morose qui marque les deux premiers jours de la campagne électorale sont perceptibles aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Qu'est-ce qui explique donc le manque d'enthousiasme chez les candidats et d'engouement chez les électeurs? La réponse est somme toute évidente: en sus du manque d'arguments de la part des partis politiques qui promettent monts et merveilles, les électeurs auxquels ils s'adressent, ont une idée toute faite de leurs collectivités. Ces APC, qui non seulement ne rendent pas de comptes, mais surtout, croulent sous les dettes. Un fardeau que l'Etat doit à chaque fois prendre en charge. L'effacement des dettes des APC, annoncé récemment, dénote le caractère budgétivore des communes. Certaines ne peuvent même pas assurer, sur leurs propres fonds, le règlement de la facture d'électricité. Par ailleurs, à quoi servent des élus, dont les prérogatives sont réduites et se limitent à signer des documents d'état civil et gérer les PCD? Pourtant, le premier magistrat de la commune doit avoir les coudées franches et ouvrir sa collectivité aux investissements, recouvrer l'impôt local et surtout prendre des initiatives en faveur des couches les plus défavorisées. Car, est-il possible de tenir les promesses, faites l'espace d'une campagne électorale, quand on n'a même pas les moyens de les mettre en oeuvre? En somme, le mandat des futurs élus ne sera efficace que si des outils juridiques sont mis en place. Le retard accumulé dans l'adoption des Codes communal et de wilaya, les poursuites judiciaires intentées à l'encontre de pas moins de 400 élus, ainsi que le manque de transparence dans la gestion des communes, sont autant d'«ingrédients» à une défection des électeurs.