Israël, protégé par Washington, nous écrase de son arrogance, de son mépris, de sa puissance, poursuivant sans état d'âme le massacre d'un peuple au vu et au su d'une communauté internationale amorphe qui n'a, jusqu'ici, trouvé que la facile parade de renvoyer dos à dos les commandos de tueurs israéliens et une population palestinienne désarmée. Mais cela va à l'évidence dans le sens du principe, sans doute jamais clairement énoncé, mais toujours respecté par un Occident qui s'est donné comme mission de ne jamais culpabiliser Israël quoi qu'il fasse, quelles que soient les horreurs qu'il puisse commettre. Cela s'est vérifié l'an dernier à Durban (Afrique du Sud) lors de la Conférence des Nations unies sur le racisme, l'intolérance et la xénophobie, lorsque l'Etat hébreu, appuyé par les Etats-Unis et l'Occident, a exigé qu'il ne soit «ni désigné ni condamné» au moment où la conférence de l'ONU examinait la situation dans les territoires palestiniens occupés. Cela a donné cette pantalonnade dans laquelle la conférence sur le racisme s'est déclarée «préoccupée par le sort du peuple palestinien sous occupation étrangère». D'Israël point! Israël coupable n'existe pas, c'est seulement une invention des Palestiniens. Des Palestiniens qui subissent le martyre, à en croire la conférence internationale sur le racisme, de la part d'un occupant étranger qu'à l'évidence l'ONU n'a pu, ou su, identifier. Ainsi, à Durban, les Arabes, partis pour faire condamner Israël pour ses crimes et exactions dans les territoires palestiniens occupés, se font renvoyer à leurs chères études et sont priés de ne pas se mêler des affaires des grands. Aujourd'hui, le forcené de Tel-Aviv mène une sanglante répression contre le peuple de la Palestine. Que décident les Arabes? D'attendre et de voir. Peut-être jusqu'à ce que Sharon réoccupe l'ensemble des villes et territoires autonomes palestiniens, et qu'il fasse place nette de la résistance palestinienne! Face à l'arrogance, aux représailles de Sharon contre Arafat et son peuple, l'impuissance arabe, par son côté gag est pathétique, illustrée par un Gueddafi qui prend, «courageusement», la tête d'une manifestation populaire à Tripoli, imité à Amman par des ministres jordaniens, quand, à Alger, on observe une minute de silence! On se demande en quoi cette sorte de solidarité arabe va soulager Arafat et ses compagnons de souffrance au QG de Ramallah, ou contribuer à desserrer l'étreinte qui étouffe la population palestinienne? Mais au fait où sont donc ces grands leaders arabes, prompts en d'autres circonstances à se mettre en avant, dont on attend toujours une prise de position ferme, et une parole sensée, depuis la prise en otage du président palestinien Yasser Arafat? Parler peu, oui, agir vite et si possible efficacement, c'est encore mieux. Et c'est surtout cela, dans ces moments dramatiques pour la Palestine, que les Arabes sont en droit d'attendre de leurs dirigeants. Or, où sont-ils ces dirigeants qui jouent aujourd'hui à l'Arlésienne, laissant le peuple palestinien se débattre seul entre les griffes de Tsahal? Souvent, nos dirigeants ont été pris en flagrant délit de rhétoriques vides et sans portée pratique quand il fallait mettre tout le poids de la nation arabe, au service de la cause palestinienne. L'inefficacité arabe et son manque de dynamisme se sont encore vérifiés devant leur impuissance à faire face à la stratégie d'écrasement israélienne. Les Arabes, qui peuvent beaucoup, ont, par manque de pugnacité et de volonté politique et, aussi sans doute, en renonçant à user de tous les atouts et moyens dont ils disposent, donnent l'impression d'abandonner toute velléité de lutte pour restaurer le peuple palestinien dans ses droits. Les Arabes ont-ils réellement épuisé toutes les possibilités qu'offrent le droit international et la Charte de l'ONU pour faire rétablir la légalité internationale dans une région prise en otage par un criminel de guerre? Sans doute pas ! Aussi, peut-on paraphraser cette Palestinienne qui, en pleine guerre des Six-Jours, criait dans les rues du Caire: «Où sont les Arabes! Où sont les Arabes??!!»