La majorité des parents qui installent chez eux l'Internet ne savent pas qu'il y a des programmes de contrôle. Une arme à double tranchant. Entre le paradis du chat et l'enfer du terrorisme, l'Internet constitue une sérieuse problématique en Algérie. Il est même devenu pour les terroristes un moyen pour recruter leurs agents, entre autres les kamikazes. Cet extraordinaire outil technologique est devenu l'instrument le plus efficace entre les mains des terroristes. C'est ce qui ressort de la table ronde consacrée à l'Internet et organisée hier au forum d'El Moudjahid à Alger. Regroupant spécialistes et professionnels, le débat a abordé amplement la question de l'utilisation malhonnête de l'Internet. De prime abord, le terrorisme international. «Il faut contrecarrer les effets négatifs de l'Internet», a appelé dans ce sens Younès Grar, patron de Gecos. Pour sa part, Nouar Harzallah, premier responsable de l'Eepad, a fait savoir que «dans un futur proche, Internet va être un instrument de coopération policière». En outre, il a exprimé son regret quant à la mauvaise exploitation de cet outil de recherche informatique. A ce titre, il dira: «En Algérie, il n'y a que 20% d'Algériens qui utilisent l'Internet pour un travail de recherche contre 80% pour le chat et le n'importe quoi». S'agissant de l'hébergement des sites Web, il a souligné que celui-ci «échappe à tout contrôle». «Pis, il n'y a même pas une loi qui régit l'hébergement des sites Internet.» De son côté, M.Grar a indiqué qu'«en Algérie, il y a presque 7000 cybercafés pour une population de 25 millions de jeunes qui ont moins de 30 ans». Dans cette optique, il s'est interrogé: «Comment contrôler les gérants de cybercafés qui laissent des enfants consulter n'importe quel site Internet?» Il poursuivra sur cette lancée: «C'est une génération électronique qui est tout à fait différente de la nôtre. Personne n'a oublié que l'un des kamikazes qui s'est fait exploser avait 15 ans. Il faut ouvrir un débat sérieux pour voir comment gérer les TIC (technologies de l'information et de la communication) à notre profit», a suggéré ce spécialiste. Dans ce cadre, l'intervenant mise sur une campagne de sensibilisation portant sur l'utilisation rationnelle du Net. Prenant la parole, M.Mebarek Boukaba, ingénieur à Algérie Télécom, pense qu'il est nécessaire de créer un cadre organisationnel, doté de moyens de réflexion pour protéger les internautes. A ce titre, il a fait remarquer que «de 1999 à nos jours, on devrait avoir environ 5000 ISP (Internet service provider)». Malheureusement, ces entreprises de distribution de l'Internet ont disparu. Il n'en reste que quelques-unes à présent. «Le problème est dû à des raisons économiques, sans doute.» A ce propos, la création d'un observatoire pour l'Internet est nécessaire, a-t-il renchéri. Intervenant dans le débat, le commissaire Abdelkader Mostfaoui a constaté que «la majorité des parents installent chez eux l'Internet sans se rendre compte des effets négatifs qu'il va engendrer. Ils ne savent même pas qu'il y a des programmes de contrôle». Par ailleurs, l'orateur a noté qu'il n'y a pas de réglementation concernant la gestion des cybercafés, car ces derniers travaillent anarchiquement. Concernant les hébergements de sites à caractère terroriste, il a affirmé qu'«ils sont tous à l'étranger, notamment en Europe de l'Est». Il a souligné, en outre, qu'il n'y a pas de réglementation permettant la vérification du contenu. «Une autre difficulté qui se pose est la localisation des internautes terroristes», a-t-il enchaîné. Et d'ajouter: «Le texte concernant la répression du recrutement de terroristes existe. Mais lorsqu'il s'agit d'actes commis via le Net, c'est difficile d'en localiser les auteurs. Cela est dû à l'absence de réglementation régissant les acteurs de l'Internet susceptibles de faciliter l'accès aux données nécessaires aux enquêtes.».