Plus de 5565 familles ont été indemnisées, ce qui a coûté à l'Etat la bagatelle de 420 milliards de centimes. La Commission nationale de suivi de la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale se réunira prochainement pour établir le bilan définitif des textes d'application. C'est ce qu'a annoncé le ministre de la Solidarité nationale, M.Djamel Ould Abbès, lors de son passage au forum hebdomadaire de la Chaîne II de la Radio nationale. Cette réunion intervient, faut-il le noter, six mois après l'expiration du délai inhérent à l'indemnisation des «victimes de la tragédie nationale». Au-delà de ce point, il est important de signaler que la commission présidée par le chef du gouvernement tiendra sa réunion dans une conjoncture très spécifique, marquée par le débat sur la révision de la Constitution. Une question s'impose dès lors. Le rapport sanctionnant cette rencontre servira-t-il d'alibi dans la campagne que compte mener le candidat Abdelaziz Bouteflika pour défendre ses chances à la présidentielle de 2009? Tout porte à croire que c'est le cas. Sinon, comment expliquer le timing de cette rencontre? Le rapport qui sera remis prendra en considération, sans nul doute, les propositions de la cellule juridique chargée de l'application de ce projet. Son président, Azzi Merouane, a révélé récemment que le premier magistrat du pays va régler le dossier des prisonniers du camp du Sud, lesquels se qualifient comme étant «des victimes de la tragédie nationale». De ce fait, ils estiment avoir droit à «un dédommagement moral et matériel prévu par les textes d'application de la Charte». La cellule juge que cette doléance «est légitime». «Aussi, la revendication des personnes placées sous détention préventive durant la tragédie nationale est légale», selon M.Azzi. De même que ceux qui ont bénéficié de l'acquittement intervenu après la publication des textes d'application de la Charte. De l'avis des juristes, il s'agit là, «de faute juridique qui mériterait d'être corrigée». Jeudi, le ministre de la Solidarité nationale a brossé un tableau positif de l'application de ce projet. Dans ce sens, il affirme que plus de 5565 familles ont été indemnisées. Ce qui a coûté à l'Etat la bagatelle de 420 milliards de centimes. 250 milliards est par contre l'enveloppe consacrée à l'indemnisation des personnes ayant perdu leur emploi. Récemment, le ministère de la Solidarité nationale à relogé 18 familles dont les habitations ont été endommagées suite aux derniers attentats kamikazes. Dans un autre chapitre, Ould Abbès a reconnu des cas de détournement des aides de l'Etat destinées aux démunis. Pour pallier les lacunes, une enquête sur la carte sociale nationale a été lancée. Ses résultats seront annoncés avant la fin du premier semestre 2008, a-t-il indiqué. L'opération comprendra le recensement des besoins des citoyens nécessiteux, des poches de pauvreté et l'évaluation du plan de lutte contre la pauvreté à travers le pays. L'enquête comportera également des éclaircissements sur la vie des citoyens et un bilan sur tous les aspects de développement dans le pays depuis l'année 2000 jusqu'à nos jours; tel le nombre de logements, de structures d'enseignement réalisées. Les enquêteurs ont introduit d'autres indicateurs dont l'accès à l'eau potable, à l'électricité et à l'aménagement. M.Ould Abbès a présenté un bilan des actions accomplies par le ministère, dans le cadre du plan national de lutte contre la pauvreté, soulignant le recul des poches de pauvreté dans tout le pays. De 167 communes répertoriées très pauvres dans la carte nationale sur la pauvreté réalisée en 2000, il ne subsiste, a-t-il dit, que «46 communes seulement pauvres, la plupart dans les régions éloignées». Le ministre a rappelé les effets néfastes du terrorisme sur les populations de certaines régions éloignées qui se sont déplacées, a-t-il dit, «vers les zones urbaines et se sont stabilisées dans des bidonvilles», ce qui explique, selon lui «la prolifération de ces constructions illicites dans de nombreuses villes, dont la capitale.»