«Si ça marche c'est bien, sinon on recommence...». Les stratégies foisonnent. Industrielle, développement local, lutte contre le chômage. La liste est longue. Depuis sa nomination, le gouvernement Belkhadem ne cesse de fatiguer les Algériens en annonçant de nouvelles stratégies. Ces «stratégies» sont le plus souvent suivies par la tenue d'assises. Un terme devenu très en vogue, que les entreprises économiques se sont mises, à leur tour, à apprécier. Les stratégies et les assises se succèdent sans toutefois, parvenir à changer les réalités d'une économie vulnérable et d'un quotidien citoyen des plus difficiles. La stratégie du développement local, lancée depuis plus de 5 ans, n'a pas sorti le pays de sa dépendance alimentaire et n'a pas réussi à fixer les ruraux à proximité de leurs arbres et bêtes. Notre pays figure toujours sur la liste des plus grands importateurs de blé. Et ses grosses commandes continuent de provoquer des séismes sur les marchés mondiaux du lait et des céréales. La stratégie industrielle, suivie par la tenue de longues «assises», reste ambiguë. Les opérateurs économiques estiment qu'elle manque de «visibilité et de lisibilité» La dite stratégie, soutenue par un programme de mise à niveau, a été vite récompensée par un recul de la production manufacturière. Même constat pour la stratégie économique de la nation dont l'existence elle-même est remise en cause. Certains économistes sont allés, en effet, jusqu'à considérer que le gouvernement n'a pas de «stratégie». C'est-à-dire qu'il travaille au gré des vents et des caprices des uns et des autres. Un jugement sévère mais qui n'est pas sans fondement. L'inconstance ayant marqué la gestion du dossier des privatisations est souvent avancée comme la preuve de ce manque de visibilité. Le ministre de l'Industrie a trouvé judicieux de mettre l'échec de la mise en oeuvre de cette stratégie, dont il est le principal concepteur, sur le dos du secteur bancaire. La dernière stratégie pondue par le gouvernement est celle de Tayeb Louh, ministre du Travail. Elle est baptisée «la nouvelle stratégie de promotion de l'emploi et de lutte contre le chômage». Laquelle a fait sienne le même objectif que s'est fixé, il y a quelques années, Ould Abbès et son département, quand il fut en charge du dossier de l'emploi. A savoir, l'objectif de réduire le chômage à moins de 10%. Rebelote. Sur le plan sécuritaire, on n'a pas cessé aussi de parler de stratégie de lutte antiterroriste. Ceci depuis le commencement de ce phénomène au début des années 90. Là aussi, les stratégies se succèdent et les résultats réalisés restent en deçà des attentes des citoyens. Le tourisme n'est pas en reste dans cette fièvre de «stratégie des assises», sans moisson. Le manque flagrant en infrastructures hôtelières, les menaces terroristes, et l'absence d'une culture d'accueil auprès de nos concitoyens n'ont pas réduit les ambitions des responsables de ce secteur. En 2004, le département du tourisme a mis en place une stratégie visant à attirer en Algérie plusieurs millions de touristes à l'horizon 2010. Là aussi, c'est rebelote. Une autre stratégie est rendue publique avec en sus des «assises». Elle va permettre à l'Algérie de drainer des millions de touristes à l'horizon 2025. Il faut dire, face à l'incohérence de ces politiques, que le gouvernement ne sait plus sur quel pied danser. Un état de fait qui laisse comprendre que les responsables ne sont pas tenus de réaliser les objectifs fixés préalablement. Si ça marche ça marche, sinon on recommence...