Le chiffre paraît d'autant plus énorme lorsqu'on sait que ces mineurs appartiennent à la catégorie des enfants abandonnés. Les enfants d'Algérie, à l'instar de tous les enfants du monde, célébreront aujourd'hui la Journée mondiale de l'enfance, qui coïncide avec le 1er juin de chaque année. Cette journée permettra, sans aucun doute, de revenir sur la situation des droits de l'enfant et de faire un petit bilan de ce qui a été fait. Mais qu'a-t-on fait justement en Algérie? Selon des sources émanant du ministère de la Justice, 14.000 mineurs sont annuellement traduits en justice. Le chiffre paraît d'autant plus énorme lorsqu'on sait que ces mineurs appartiennent, dans leur majorité, à la catégorie des enfants abandonnés. Faute d'une atmosphère familiale, chaleureuse et accueillante, cette frange, ô combien vulnérable de la société, se retrouve jetée à la rue, en butte à tous les dangers mais aussi à tous les vices. Une interrogation se pose d'elle-même: combien sont-ils ces enfants, sans domicile fixe, livrés à eux-mêmes? Aucun chiffre n'a malheureusement été donné par les pouvoirs publics chargés de cette frange spécifique. Selon nos sources, le chiffre pourrait aisément dépasser les 100.000 enfants. La situation a, en effet, empiré, ces quinze dernières années notamment. Il faut dire, dans cette optique, que la tragédie qu'a vécue l'Algérie a asséné un coup dur à toute une génération. Les spécialistes du domaine s'accordent à dire que durant la tragédie nationale, les enfants nés sous X se sont multipliés. Plusieurs d'entre eux, pour ne pas dire la majorité, sont abandonnés par leur mère, de crainte de couvrir d'opprobre la famille. Selon les chiffres rendus publics, le mois dernier, à l'issue du Conseil de gouvernement, par le ministre de la Communication, 273 enfants nés hors mariage ont été récupérés par leurs mères en 2007. Durant cette même période, on a recensé 1270 enfants ayant été accueillis par des familles, par la voie de la kafala (l'équivalent de l'adoption). Ce ne sont ici que les chiffres officiels, car la réalité du terrain dépasserait de loin le constat du ministère de tutelle. Il faut souligner, par ailleurs, que jusqu'à présent, les enfants en Algérie ne disposent pas d'un code censé les protéger. Le seul code qui devait être élaboré, et qui est resté dans les tiroirs du ministère de la Justice, concerne une certaine catégorie d'enfants. Il s'agit, notamment de ceux nés hors mariage. Quant aux autres enfants, il n'existe pour le moment aucune loi censée les prémunir, comme cela est le cas dans d'autres pays.