En l'espace de quatre mois seulement, l'Algérie a engrangé une cagnotte de plus de 13 milliards de dollars. Deux nouvelles: la bonne, puisque c'est par là qu'il faut commencer, c'est que les réserves de change ont dépassé le montant des 125 milliards de dinars, plaçant ainsi l'Algérie parmi les pays les plus riches au monde. La mauvaise nouvelle, est qu'au moment où le gouverneur de la Banque d'Algérie annonçait cette opulence devant les sénateurs, le chargé d'études au ministère de l'Agriculture révèle à l'opinion nationale que nos stocks de blé risquent de connaître une rupture dans 12 mois et que l'Algérie doit débourser encore cette année, 2 milliards de dollars pour importer 80% de nos besoins en céréales. Ainsi donc, la santé financière de l'Algérie s'est renforcée. Les réserves de change ont atteint 125,95 milliards de dollars à la fin du mois d'avril dernier. Ce bilan a été communiqué par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, lors de son passage hier, au Conseil de la nation. De l'ordre de 123, 46 milliards de dollars en mars dernier, les réserves ont grimpé de plus de deux milliards de dollars à la fin avril. En l'espace de quatre mois seulement, l'Algérie a engrangé une cagnotte de plus de 13 milliards de dollars. Ce niveau record, explique M.Laksaci, a été réalisé compte tenu de l'impact de l'évaluation de l'euro et de la livre sterling. Avec la flambée des prix du pétrole, l'Algérie pourrait clôturer l'année 2008 avec 200 milliards de dollars. L'Algérie va-t-elle placer encore plus d'argent dans le Trésor américain? Le patron de la Banque d'Algérie s'est longuement expliqué sur ce point qui a suscité l'attention des sénateurs. Se voulant rassurant, M.Laksaci affirme que le placement des réserves de change dans le Trésor américain offre plus de garantie et de sécurité. «Vu les perturbations qu'a connues la scène financière internationale, nous avons diminué la part des dépôts au niveau des banques nationales et augmenté la part des avoirs au niveau des Banques centrales américaines», a-t-il précisé. En termes plus clairs, le placement des fonds ne se fait pas dans n'importe quelle banque étrangère. M.Laksaci a clarifié quelques notions sur le processus de gestion des réserves de change qui obéit aux règles internationales. Par ailleurs, le patron a fait un compte rendu détaillé de la situation financière du pays et l'évolution de la croissance économique. Sur ce point, il a déclaré que le taux d'inflation a atteint 5,63% à fin mars et 6,44% à fin avril. Cette évolution est due, explique-t-il, à la hausse des prix des produits alimentaires. Pour faire face à ce nouveau type d'inflation, la Banque d'Algérie continue de soutenir la stabilité du taux réel de change et d'assurer une gestion rigoureuse de la politique monétaire. Au sujet des céréales, la situation dont a hérité l'actuel ministre de l'Agriculture, le Dr Rachid Benaïssa de son prédécesseur, Saïd Barkat, n'est guère rassurante. La production des céréales qui aurait atteint 43 millions de quintaux en 2007, selon les chiffres avancés par l'Office national des statistiques, devrait être revue à la baisse pour l'année en cours. «Cela est dû en particulier à une pluviométrie défavorable», a indiqué M.Omar Aït Ameur, qui s'exprimait hier matin, sur les ondes de la Radio nationale. Le directeur des études au ministère de l'Agriculture et du Développement rural qui impute cette contre-performance aux conditions climatiques, n'a pas été très rassurant quant à la disponibilité des stocks de blé, ils ne représenteraient qu'une durée de douze mois. Sans se montrer alarmiste, l'invité de la Chaîne III, quelque peu évasif, a assuré que «les prévisions à court et moyen termes ne laissent planer aucun risque de pénurie». Il n'y aurait donc pas péril en la demeure. La réalité est cependant ce qu'elle est: la production de blé dur n'a pas atteint les 20 millions de quintaux durant l'année 2007 alors que celle de blé tendre a, à peine, atteint les 10 millions de quintaux pour la même année. Une récolte qui est loin de réduire la facture de l'importation. Cette dernière qui était estimée à 1,89 milliard de dollars, devrait être revue nettement à la hausse. Elle pourrait dépasser les deux milliards de dollars. Et quand bien même les recettes en hydrocarbures mettent l'Algérie à l'abri d'une pénurie de ce type, il n'en demeure pas moins que la facture est sérieusement salée. L'importation des produits de consommation en Algérie, selon certaines prévisions, devrait connaître une hausse sans précédent de 32 milliards de dollars en 2008; elle devrait atteindre pas moins de 47 milliards de dollars en 2012. Cette diminution de la production céréalière, n'est donc pas de bon augure pour l'économie algérienne. Une nouvelle pour le moins rassurante vient cependant de tomber. La production mondiale de blé vient d'atteindre un record. Elle s'élève à 664, 24 millions de tonnes pour 2008-2009.