Les loisirs pour les jeunes se résument à pousser du pied une méchante balle dans quelque champ transformé pour la circonstance en aire de jeu. Aït Aïssa Ouziane Ou Ouzegane est un gros bourg de la commune de Maâtkas, situé à trois km au nord-ouest du chef-lieu de commune et de daïra et peuplé d'environ 3000 à 4000 âmes. Composé d'une forte proportion d'émigrés et aussi de pensionnés avec un taux de chômage impressionnant qui selon les habitants avoisine les 80%. Le bourg est constitué de plusieurs quartiers dont Laâzithen, Iraqvithen, Tizi Menous, Aït Cherki, Laïssathen, Ikherbane, Aït Idjadh, Aït Amar Ouali et lziaâthen. Il possède une mosquée, une école primaire, deux cafés et des épiceries. Les villageois descendent vers Souk El Khemis pour la moindre emplette, heureusement que le transport des voyageurs est assez bien assuré par des transporteurs clandestins. Les robinets sont parfois capricieux mais l'eau potable est correctement assurée de même que le village est électrifié depuis environ 1991. Un réseau d'assainissement existe, certes mais les buses débouchent à environ une quarantaine de mètres du village. Ce qui fait que les mouches et les moustiques sont légion. Les loisirs pour les jeunes se résument à pousser du pied une méchante balle dans quelque champ transformé pour la circonstance en aire de jeu. La djemaâ existe, mais a-t-elle les moyens de réaliser les voeux des villageois? Elle réclame, certes à la mairie, mais est-elle entendue et la commune de Maâtkas, qui compte plusieurs villages et hameaux dispersés sur le massif central kabyle et presque tous logés à la même enseigne, semble démunie face à l'exigence des populations, la commune n'ayant pratiquement aucune rente. La route menant au village est bien faite avec un tapis en bitume et des fossés mais après cela, tirez le rideau. Les villageois commencent à baisser les bras, disant que «Aït Aïssa Ouziane est abandonné des hommes» et d'autres ajoutent même, «délaissé par la puissance divine.» Des jeunes rencontrés dans ce village affirment avoir le choix entre «oublier son sort en se réfugiant dans l'alcool ou alors essayer la harga.» Il est vrai que si l'on se rend de Tizi Ouzou à ce bourg, on a cette pénible impression de remonter le temps. Faire quelque chose pour ce bourg? Il semble qu'une forte enveloppe financière ne suffit pas. De l'argent, il y en a à Maâtkas, du moins chez quelques-uns, mais il semble qu'il manque un management et des idées d'investissement. Les riches préférant investir dans l'achat de fourgons aménagés pour le transport des voyageurs ce qui fait que la région a une flottille impressionnante en fourgons aménagés. Aït Aïssa Ouziane a mal en ses hommes qui ne semblent pas encore prêts à investir dans des petites entreprises pour résorber le chômage des jeunes. La solution est sans doute dans une meilleure information, notamment en ce qui concerne les PME, seul moyen de rendre le sourire aux chômeurs.