Le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a fustigé un projet de loi régissant d'importantes élections provinciales, qu'il a qualifié de «conspiration». «Pour nous, c'est clair que ce qui s'est passé le 22 juillet était une grande conspiration et représentait un grand danger pour le processus démocratique et constitutionnel en Irak, et particulièrement pour les Kurdes», a affirmé lundi soir aux journalistes à Erbil M.Barzani. Le projet de loi qui devait régir les scrutins provinciaux prévus le 1er octobre avait été approuvé le 22 juillet par le Parlement, dans un contexte tendu: seuls 140 députés sur 275 étaient présents au moment du vote, et de nombreux parlementaires avaient dénoncé des irrégularités dans la procédure du vote, boycotté par les 54 parlementaires kurdes et d'autres législateurs hostiles à la loi. En réaction, le Conseil présidentiel, composé du chef de l'Etat Jalal Talabani et de ses deux adjoints, avait décidé d'opposer son veto au texte. Les Kurdes, en particulier, s'opposent à la loi en raison d'un différend sur la répartition du pouvoir entre les différentes communautés de la région riche en pétrole de Kirkouk. Située à 250 kilomètres au nord de Baghdad, Kirkouk avait été placée par l'ancien président Saddam Hussein hors du Kurdistan irakien, une région indépendante de facto depuis 1991. Alors que les Kurdes ont aujourd'hui consolidé leur pouvoir au sein du nouvel Irak, ils exigent son rattachement à leur région autonome, située à une cinquantaine de km plus au nord. Ce retard dans l'adoption de la loi représente un revers pour l'administration américaine de George W.Bush qui voit dans le scrutin d'octobre une étape cruciale vers la réconciliation en Irak. Les Kurdes d'Erbil ont manifesté à plusieurs reprises contre ce projet de loi et les Arabes ont manifesté de leur côté dans la région de Kirkouk et à Baghdad contre les «prétentions» kurdes. Le point le plus controversé concerne l'article 24 du projet de loi qui propose une répartition à part égale du pouvoir au conseil provincial de Kirkouk entre les trois communautés arabe, kurde et turcomane. Les Kurdes, qui représentent la majorité dans cette région, y sont violemment opposés. «Nous sommes pour la répartition du pouvoir à Kirkouk mais pas à parts égales. La répartition doit dépendre des résultats électoraux» a dit M.Barzani.