«Il faut un peu de sérieux car il y va de l'avenir de la chanson kabyle. La chanson commerciale peut exister mais pas au détriment de la culture en général, Allah yehdi makhlek». L'Expression: Peut-on avoir vos impressions sur l'institutionnalisation du Festival culturel local à Béjaïa, et le déroulement de la 1ère édition? Djamel Allam: C'est un grand acquis pour l'activité culturelle d'abord et c'est une reconnaissance pour Béjaïa qui a beaucoup donné sur le plan culturel et pour toute la région d'ailleurs. Sinon, c'est un événement culturel important et de grande envergure. Pourvu que ce ne soit pas ponctuel, à l'occasion de célébration des fêtes nationales uniquement, car la culture c'est quelque chose qui se transmet chaque jour et d'une manière continue. Pour cette première édition, je pense que c'est une réussite totale que ce soit sur le volet organisation ou participation. Justement, sur le volet participation êtes-vous satisfait? Pour une première, après un vide culturel, c'est quelque chose de grandiose, je vous assure. Avoir le parrainage de Chérif Kheddam, la participation des Kamel Hamadi, Ben Mouhamed, d'un côté et la pléiade d'artistes vedettes à l'instar d'Akli Yahiaten à l'ouverture et Aït Menguellet à la clôture, des artistes de talent qui ont meublé toute la période du déroulement du festival de l'autre côté, je pense que c'est une très bonne entame du festival dans sa première édition. Quels sont les points forts et faibles de cette grande manifestation culturelle? Sans aucun doute, le point fort c'est la bonne organisation et la participation de figures emblématiques de la musique et de la chanson kabyles. Sinon, j'aurais bien aimé voir des fleurs et roses naturelles plutôt qu'en plastique...(rire). Vous vous êtes produit le troisième jour en faisant aussi salle comble, mais vous n'étiez pas tout à fait content sur scène, comme d'habitude d'ailleurs? Effectivement! J'ai toujours eu ces répliques qui me sont propres, parce que je suis révolté à chaque fois que quelqu'un essaye de perturber l'assistance. Parfois, je fais des morceaux où j'appelle le public à écouter la musique et comprendre les paroles aussi. Sinon, mon répertoire est riche, chaque chose en son temps. Quand il s'agit de danser et de se défouler, c'est bien moi qui commence à inviter le public. On dit que Djamel Allam fait salle comble ailleurs que dans sa propre ville, est-ce une vérité? Ne dit-on pas que nul n'est prophète en son pays? Evidemment, je confirme à Oran, au Casif de Sidi Fredj, au festival de Djemila, moi-même j'étais surpris de l'engouement et de la présence du public de tout âge. C'est un phénomène qui est aussi valable pour pas mal de chanteurs. Ne risquez-vous pas de perdre votre public par cette façon d'agir sur scène? Je ne pense pas, bien au contraire, mes intentions n'ont jamais été mauvaises j'ai toujours essayé de m'imposer sur scène, le répertoire est choisi selon la composante du groupe et les instruments disponibles, le lieu et l'événement. Revenons justement aux participants du concours, quel jugement faites-vous de leur contribution? Le fait d'essayer, c'est déjà une bonne chose, avoir l'esprit d'initiative, c'est aussi une très bonne qualité, mais l'assiduité dans le travail c'est très important. Il faut que nos jeunes sachent que l'art ce n'est pas occasionnel, c'est quelque chose qui se cultive et se travaille chaque jour. La prétention est légitime mais elle ne doit pas être démesurée. Il faut se rendre à l'évidence, accepter les critiques et écouter les conseils des connaisseurs dans le domaine. Quelle est votre contribution justement dans ce domaine? Vous voyez bien que je suis présent. Tout au long de cette manifestation j'essaie d'aider et conseiller ces jeunes, et je reste à leur entière disposition. Revenons à votre dernier album, quel bilan faites-vous au jour d'aujourd'hui? Il est surtout piraté! Je pense qu'il faut un peu de temps comme ce fut le cas de mon avant-dernier album Gouraya pour que les gens et mon public découvrent le travail fait, un travail de recherche qui a duré trois ans pour découvrir les copies originales. Quels est votre regard croisé sur la chanson kabyle? C'est catastrophique! Je vous assure et sur tous les plans, paroles, et musique. Il faut un peu de sérieux car il y va de l'avenir de la chanson kabyle. La chanson commerciale peut exister mais pas au détriment de la culture en général, «Allah yehdi makhlek». Le mot de la fin? je remercie sincèrement M.Aïci Ahmed, le directeur de la Maison de la culture pour son dévouement et son abnégation. J'espère que ce festival sera une tradition qui se reproduira chaque année avec plus de participants et un élargissement aux différents volets de la culture amazighe. Et bonne continuité et longue vie au festival!