L'auteur et écrivain algérien Yasmina Khadra a été l'invité, mercredi, du Parlement européen où il a animé une conférence durant laquelle il a évoqué son périple littéraire universel et dit tout l'amour qu'il porte à ses semblables et à son pays. Occupant le poste de directeur du Centre culturel algérien à Paris, l'auteur, de son vrai nom Mohamed Moulessehoul, qui s'est plié au jeu des questions-réponses, s´est livré, au fur et à mesure, à ses admirateurs en commençant par la dualité qui fut la sienne et qui l'a fait voyager entre deux territoires, celui de l'armée algérienne où il était officier et celui de l'écriture. Il dira aussi ce qui l'a inspiré et fait que son oeuvre soit aussi diverse et aussi riche. Il parlera également de son «amour» et son «admiration» pour la femme algérienne, et le respect qu'il voue pour le combat qu'elle mène afin de conquérir ses droits. L'auteur, invité dans le cadre de la Semaine arabe, s´est dit aussi convaincu que «la culture est le seul territoire de partage qu'on a et où on peut prendre». Il déplorera la «mésentente» qui caractérise les intellectuels algériens, et surtout ceux qui vivent en France. «En France, certains de nos intellectuels se sont construits de fausses personnalités», a-t-il déploré. Ceci le mènera à dire, que dans sa mission au centre culturel à Paris, sa tâche n'est pas facile. «Je suis prêt à faire beaucoup pour nos intellectuels, mais à condition qu'il y ait un engouement et un intérêt pour ce centre», a-t-il souligné, évoquant ses tentatives avortées pour convaincre ses pairs de l'importance de s'unifier. Yasmina Khadra déplorera aussi les attaques «injustifiées» dont il fait l'objet personnellement en France, et notamment de la part de certains intellectuels algériens qu'il n'a pas nommés, alors que son seul voeu, dit-il «est d'aider la culture algérienne». Tout au long de la discussion, Yasmina Khadra ne cessera de répéter sa vision pour son pays, et son «engagement» à apporter sa contribution. «L'Algérie se relève, mais il y a tellement de choses urgentes à faire, qu'on ne sait par où commencer», affirme-t-il avant d'ajouter: «Je crois que ce pays va se relever et s'en sortir.» Il s´est dit, par ailleurs, prêt à promouvoir la culture algérienne à Bruxelles, ville avec laquelle il aspire à «construire de petites passerelles ou forcer quelques portes dérobées pour l´ouvrir à notre monde. Si c'est le cas, c'est une bonne initiative, si ce n'est qu'un folklore de passage, eh bien! je serais très déçu», a-t-il insisté. «Si mon passage au Parlement européen peut aider Bruxelles à s'ouvrir et à comprendre que les problèmes de notre monde ne se trouvent pas seulement dans les prisons, mais qu'ils sont aussi dans les rues, dans les campagnes et même dans les laboratoires, se sera une bonne chose», a-t-il conclu. Yasmina Khadra est auteur d´une série de livres traduits dans de nombreuses langues dont les Hirondelles de Kaboul, Les sirènes de Bagdad, L´attentat... Il a publié en 2008 son denier livre, Ce que le jour doit à la nuit.