Il faut parfois des mois pour recevoir son chéquier, contre une dizaine de minutes pour une banque étrangère installée en Algérie. La crise financière mondiale a remis de l'ordre dans le système bancaire mondial, obligeant les banques à revoir leur stratégie de financement et surtout leur mode de crédit. C'est à cet effet que World Economic Forum's Global Competitiveness Report a établi un rapport basé sur les opinions de cadres de banques et attribué une note comprise entre 1 et 7 aux banques du monde entier. Il a, à cette occasion, donné une mauvaise note à l'Algérie et à son système bancaire, en la classant à la 134e place, avec une note de 3,9, soit juste au-dessous de la Libye (4,0), le Lesotho (4,1), la République de Kirghizie (4,1) et l'Argentine et le Timor-Oriental (4,2). Il est reproché aux banques algériennes leur système archaïque et leur service à la clientèle très en retard par rapport aux autres pays. Malgré une bonne réputation de leurs cadres et de leurs compétences techniques, la gestion des comptes et des crédits est remise en cause. L'arrivée des banques étrangères a néanmoins permis le changement des mentalités de quelques-uns, mais le système bancaire algérien est resté le moins efficace de la planète, poussant des millions d'Algériens à effectuer leurs opérations en liquide au lieu du chèque ou de la carte bancaire. En dépit de l'informatisation du système, le client algérien utilise rarement une carte bancaire pour le retrait d'argent et encore moins le chèque pour ses achats quotidiens. L'argent liquide reste le moyen le plus utilisé dans la gestion des ménages en Algérie. Ajouter à cela, le mauvais service à la clientèle. Il faut parfois des mois pour recevoir son chéquier, contre une dizaine de minutes pour une banque étrangère installée en Algérie. L'octroi des crédits est également l'autre retard accusé par la banque algérienne. L'échec de l'opération Ousratic, est un exemple parmi d'autres. Les lenteurs dans l'octroi de crédit de consommation, très utilisé dans les pays émergents comme les pays du Golfe ou encore l'Egypte ou le Maroc, ont freiné le développement des ménages algériens. Même si on constate le succès du crédit véhicule, cela n'a pas amélioré le crédit à l'immobilier, qui reste le moins développé dans le Maghreb. Même les banques étrangères qui ont réussi dans ce domaine, trouvent des difficultés à gérer cette situation. C'est le cas notamment, de la banque jordanienne Housing Bank, qui a réglé définitivement le problème du logement en Jordanie, mais qui reste impuissante en Algérie en raison de la complexité des mentalités et surtout de l'absence d'une étroite collaboration entre l'institution judiciaire et l'institution financière. Il faut dire aussi que le retard du système bancaire est lié surtout au retard du système judiciaire. L'informatisation n'est qu'une étape de l'évolution du système bancaire. Dans les pays développés ou en voie de l'être, le refus de paiement du loyer ou de la quittance de téléphone ou d'électricité, bloque automatiquement votre compte bancaire, autrement dit votre vie quotidienne. En Algérie, on ne fait pas confiance aux banques. Dès le début du mois, des millions d'Algériens retirent leur paie, ce qui provoque une surliquidité sur le marché économique algérien, et surtout l'arrêt systématique des distributeurs d'argent vidés parfois en une seule matinée. Alors que dans d'autres pays, on a rarement recours à la liquidité du fait que toutes les opérations bancaires se font par carte bancaire, même pour prendre son café. A côté de ces problèmes techniques, il y a également les problèmes de la corruption et de la sécurité bancaire qui sont comptabilisés dans ce rapport très pointu sur les banques dans le monde. Dans le rapport de World Economic Forum's Global Competitiveness, les banques canadiennes sont les plus compétitives. Elles sont classées au premier rang avec la note 6,8, juste devant la Suède (6,7), le Luxembourg (6,7), l'Australie (6,7) et le Danemark (6,7).