Tristes, drôles, joyeuses ou mélancoliques, les oeuvres de ces grands compositeurs italiens ont enivré l'assistance. A la veille de la clôture du Festival culturel de l'Union européenne qui a duré tout au long de ce mois de mai, le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi a abrité un concert de musique classique de haute facture. Organisé en collaboration avec l'ambassade d'Italie et l'Institut culturel italien, le concert fut marqué par la présence d'une forte délégation du corps diplomatique accrédité en Algérie ainsi que notre ministre de la Culture et de l'Information. Après les deux allocutions d'ouverture et de remerciements, émanant de Son Excellence l'ambassadeur d'Italie ainsi que de M.Abou qui qualifiera ce mois culturel européen de moment «privilégié et de communion entre les communautés ayant permis aux hommes de se rencontrer», c'est place à la musique classique universelle. Au programme figurait un choix de morceaux représentatifs de l'âge d'or de la musique symphonique italienne du XVIIIe et XIXe siècles. Sous la baguette du chef d'orchestre Claudio Scimone, la formation «I Solisti Veneti» qui est en fait un orchestre de musique de chambre mondialement connu, a vite fait de plonger l'assistance dans un état de plénitude et de ravissement. Un silence religieux régnait dans la salle, si ce ne sont ces quelques sonneries de portables qui venaient par moments, déchirer ce silence en s'interposant au milieu des épanchements lyriques des violons et autres clarinettes... Obéissant au doigt et à l'oeil de leur maestro, au sens propre du terme, les musiciens se donnaient de tout leur coeur à leurs instruments pour libérer leur énergie et leur savoureux talent. Des performances remarquables qui ont fait retenir le souffle de plus d'un dans la salle, sous des salves d'applaudissements bien méritées. Crée par Claudio Scimone en 1959, l'orchestre I Solisti Veneti s'est produit en concert dans plus de cinquante pays et a reçu les plus importants prix mondiaux. La notoriété de Claudio Scimone est telle qu'il a acquis une réputation internationale en tant que chef d'orchestre, directeur symphonique et d'opéra et est invité à diriger les orchestres les plus prestigieux du monde. Aussi, ce n'est pas souvent qu'un orchestre d'une telle envergure se produit. Le public, sous le charme, a eu à apprécier notamment un concerto en Ré mineur pour hautbois et archets d'Albinoni Tomaso, très vif et expressif, des variations sur le Carnaval de Venise de Niccolo Paganini dont les mélodies des oeuvres nous faisaient étrangement penser à des éclats de rire. Des airs joyeux, fruits d'une technique prodigieuse que les musiciens ont su admirablement jouer et pourtant réputés pour être d'une rare difficulté d'interprétation. Les variations en mi bémol majeur pour clarinettes et archets sans oublier le duo pour violons, contrebasses et archets de Giacchino Rossini ont fait couler à l'oreille des auditeurs des volutes sonores saisissantes par l'effervescence joyeuse de leur musique. Des mélodies empreintes de bonne humeur et de vivacité. Au programme aussi figurait un morceau bien attrayant aux sonorités quelque peu orientales. Une oeuvre appelée Nuit algérienne, d'un compositeur italien du début du siècle Luis Grès. Pulsatifs, étincelants furent les airs du grand Vivaldi où les notes du violon s'accordaient avec harmonie à la douceur d'une mandoline faisant immerger le public dans un monde de grâce et de sérénité. Durant une heure et demie qu'a duré le spectacle, le public s'est enivré en goûtant, une fois n'est pas coutume, à ces délices lyriques. Bercé, il l'a été aussi par ces sérénades tantôt tristes, mélancoliques ou joyeuses, secoué ainsi, il l'a été avec tendresse par des airs qui étaient une véritable invitation à faire la fête et à la joie de vivre.