Beaucoup de questionnements et de réponses, mais le débat semble (enfin?) engagé. Etrennées jeudi matin, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, Les journées cinématographiques algéro-françaises sont parties jusqu'à aujourd'hui pour débattre de l'Accord de coopération et de production ratifié récemment par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Ouvertes officiellement par le représentant de la ministre de la Culture pour la partie algérienne et Mme Cayla, directrice du Centre national de la cinématographie et de l'audiovisuel (CNC) pour la partie française, ces journées ont, d'emblée, mises l'accent sur la nécessité «des diversités culturelles» comme mis en vigueur par la charte de l'Unesco. Une présentation de la situation du cinéma en Algérie avec ses perspectives et ses opportunités a été donnée par le cinéaste Lamine Merbah, suivie d'une présentation de l'importance pour le cinéma français des coproductions internationales et de la coopération avec l'Algérie, animée par M.Roland Husson (voir interview) puis une présentation succincte de l'Accord de coproduction et de coopération cinématographique par Mme Ourida Merbah, directrice des affaires juridiques au ministère algérien de la Culture. L'après-midi fut consacré à la mise en place d'un atelier «Production» où l'ensemble des professionnels du cinéma algérien étaient invités à poser leurs questions en faveur d'une clarification de cet accord de coproduction et à même d'apporter des réponses pratiques afin de le matérialiser convenablement sur le terrain. Beaucoup de questions et de réponses, mais une satisfaction vraisemblablement visible à moitié. Ce n'est que le début. Le problème de la langue arabe,de surcroît «étrangère» au français comme frein dans l'aide financière (pas d'avance sur recettes octroyée par le CNC) a été maintes fois soulevé. A cela on répondra que la langue n'est pas un problème et qu'il existe d'autres guichets de financements, il suffit qu'un film obtienne déjà 20% de points pour qu'il bénéficie d'une aide de la coproduction européenne. Compte tenu du retard enregistré en matière pratique dans le domaine cinématographie en Algérie, le mot «inégalité» a été soulevé, rappelant combien notre cinématographie est fragile devant un cadre juridique français, ô combien envié. Mais le producteur algérien, Mahdi Benaïssa, ayant un pied ici et un autre là-bas, exhortera l'assistance à ne pas trop s'attarder sur le guichet avance sur recettes mais penser à un autre versant de la coopération qui peut avoir plus d'impact sur un plan effectif de la question, autrement par le biais de la formation et les prestations de services, d'autant que ce n'est pas demain la veille, «qu'on sera envahi par la France», n'ayant pas assez de salles pour abriter suffisamment de films français. De son côté, le président de l'association Arpa, se posera la question suivante: «Veut-on un accord viable et équitable ou pas? Y a-t-il un moyen de trouver des exceptions qui feront que dans cet accord on puisse dépasser ces problèmes comme celui de la langue?» D'aucuns suggéreront comme alternative d'autres mécanismes d'aides à même de venir à bout et dévier certains freins qui posent problème dans cet accord. Mais aucune réponse tangible ne viendra du côté français qui restera sceptique. A cela, pour calmer les ardeurs des uns et des autres, Sadek Bejaoui, modérateur ici du débat, proposera la valorisation des archives, la formation, la réouverture et la réhabilitation des parcs des salles de cinéma qui se font au compte-gouttes par le ministère de la Culture, mais se fait quand même. «Il faut évaluer les étapes. Eu égard au prochain Festival panafricain qui se tiendra l'an prochain, on a lancé la manifestation Afrimage. Il s'agit de mettre de l'argent dans la coproduction Sud-Sud pour financer des films africains.» Notons enfin qu'une commission mixte a été installée pour le suivi de cet Accord de coopération et de production, lequel se réunira tous les deux ans afin d'établir le bilan et évaluer son état d'avancement. Le terrain commence à peine d'être défriché. La soirée a été marquée, jeudi, par la projection à El Mougar, du film de Jean-Michel Ribes, Musée haut, Musée bas.