Celui qui a eu l'idée de faire jouer le RCK à la carte n'a pas de grand amour pour le football. Le championnat algérien de la division 1 de football qui avait eu le privilège d'être l'un des tout premiers à démarrer en pleine fournaise du mois d'août dernier, sera, très certainement, le dernier à débuter sa phase retour. Ceci en sachant qu'il ne bénéficiera pas de trêve alors que les compétitions des autres pays ont leur part de repos. Un repos auquel ont droit seulement trois clubs, ceux qui ont disputé tous leurs matches de l'aller, à savoir le CA Bordj Bou Arréridj, le CR Belouizdad et le MC Alger. Cette situation, pour le moins burlesque, est due à l'intégration tardive du RC Kouba en D1, c'est-à-dire après que l'on ait consommé onze journées. Il s'agit, probablement là d'un cas unique dans le football mondial et la FAF a, certainement, contribué à la rendre plus complexe. Il est vrai que faire entrer un club dans un championnat alors que celui-ci est entamé depuis longtemps sort, vraiment, de l'ordinaire. Mais rien ne pouvait empêcher la FAF et la commission qui gère les deux compétitions nationales de football au niveau de la LNF, de faire en sorte que la suite du championnat de la D1 soit la moins contraignante possible. Nous avions ici même, bien avant que la décision de faire accéder le RCK, ait été prise, suggéré un calendrier tout à fait banal avec 17 clubs. On aurait élaboré ce calendrier et on aurait considéré les matches déjà joués, avant l'intégration du club koubéen, comme des matchs avancés dont les résultats seraient pris en compte. Avec un tel calendrier, le championnat aurait continué à se dérouler normalement et on aurait connu à l'avance les journées et les matchs du RCK. Or ceux qui ont pris en charge l'intérim à la Ligue nationale ont estimé que cela n'en valait pas la peine et nous ont sorti un de ces programmes tellement compliqués qu'on ne voit pas comment ils s'en sortiront. Il faut dire qu'ils ne sont là que temporairement puisque dès le 16 décembre prochain, la Ligue nationale aura une nouvelle direction qui héritera de ce véritable cadeau empoisonné. Ajoutons que les présidents des clubs de la D1 ne sont pas exempts de reproches. Rappelons que lorsque le ministre de la Jeunesse et des Sports les avait réunis et leur avait proposé une mouture de calendrier, ils avaient rejeté celle-ci. A ce moment-là, le ministre aurait dû donner une feuille de papier et un stylo à chacun de ces présidents pour leur demander de lui faire des propositions de calendrier. On aurait, alors vu si ces messieurs, si prompts à critiquer la programmation de la Ligue nationale, dès qu'elle ne convient pas à leurs clubs respectifs, s'ils sont capables d'élaborer un calendrier où la régularité est assurée. C'est à cause d'eux et de leurs petits calculs que le RCK s'est retrouvé en train de jouer ses matchs à la carte, le club koubéen ne sachant pas contre qui il va jouer au moins une semaine à l'avance. Il nous importe peu de savoir que les dirigeants de ce club ont fait plier la FAF en s'adressant à une institution internationale, le fait est que la FAF a fini par admettre que le mieux était de le faire accéder. Par voie de conséquence, elle avait le devoir de permettre au championnat de garder sa crédibilité en élaborant un calendrier adéquat avec 17 clubs. Le pire est que, dans ce cinéma, on se soit mis à se battre pour avoir le club koubéen comme adversaire juste pour se refaire une santé. Il en est ainsi dans le monde des clubs du football algérien où l'hypocrisie est de mise, où chacun vous fera des «salamalecs» mais ne s'empêchera pas de vous piétiner si ses propres intérêts sont en jeu. Et maintenant que compte-t-on faire? La LNF dit qu'elle va élaborer un autre calendrier qui tiendra compte de la présence du RCK dans les jours qui viennent. A ce que l'on sache, il y aura mercredi prochain un nouveau Comité directeur à la tête de la LNF. Pourquoi donc se prononcer sur un problème qui relèvera de ses prérogatives et qu'il devra lui-même résoudre? Un problème dont la régularité du championnat devra être le principal souci. Cela passe, forcément, par le déroulement de tous les matchs en retard de la phase aller. Il serait suicidaire de faire débuter la phase retour avec un reliquat de la phase aller. Il faudra, également, rattraper tout le retard accumulé par le RCK même si pour cela, la phase retour débute en février. Celui qui a pour idée d'entamer la phase retour du championnat alors que le RCK traîne toujours des matchs en retard, ne peut être que quelqu'un qui n'a aucun amour pour le football algérien et pour son championnat le plus huppé. Ce championnat est déjà, en partie, raté. On doit faire en sorte de sauver ce qui peut en être sauvé pour, au moins, conserver sa crédibilité. C'est la conscience de tous ceux qui sont dans les affaires du football qui est interpellée.