La justice espagnole a ouvert jeudi une enquête pour «crimes contre l'humanité» visant l'ex-ministre israélien de la Défense Benjamin Ben-Eliezer et six hauts responsables militaires israéliens, pour un bombardement meurtrier à Ghaza en 2002. Cette annonce a provoqué la colère d'Israël, où le ministre de la Défense Ehud Barak a réagi en affirmant qu'il «ferait tout» pour obtenir l'annulation de cette enquête «délirante». De son côté, la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni a appelé son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos pour l'informer qu'Israël considérait «avec le plus grand sérieux» l'ouverture de cette enquête, selon un communiqué de son ministère. Elle a également estimé, selon le texte, que la décision du juge revêtait un caractère «politique et non juridique». «La réaction d'Israël est la réaction d'Israël et la réaction du gouvernement espagnol est de respecter la justice», a déclaré pour sa part le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. «Nous allons tous continuer à travailler et nous aider les uns les autres à construire la paix» au Proche-Orient, a-t-il assuré à des journalistes en début de soirée. Le juge madrilène Fernando Andreu a jugé recevable une plainte du Centre palestinien pour les droits de l'homme sur le bombardement qui avait tué un dirigeant du Hamas, Salah Chehadeh et 14 civils palestiniens, «en majorité des enfants et des bébés», le 22 juillet 2002. Quelque 150 Palestiniens avaient également été blessés pendant cette attaque, par l'explosion d'une bombe d'une tonne larguée par un F-16 israélien à Ghaza, sur une maison du quartier Al Daraj. Le magistrat a pris cette décision en vertu du principe de juridiction universelle reconnu par l'Espagne en matière de crimes contre l'humanité, de génocide et de terrorisme. Le juge espagnol estime que les faits dénoncés «présentent des indices de crimes contre l'humanité», dans son procès-verbal. «En effet, écrit-il, nous serions confrontés à l'existence d'une attaque contre la population civile, illégitime dès le départ, car ayant pour objectif un assassinat, celui de Chehadeh». Evoquant une «action qu'on devine clairement disproportionnée et excessive», le juge affirme qu'Israël ne pouvait ignorer «les conséquences possibles» du lancement d'une bombe de «grande puissance» sur une zone habitée. Outre l'ancien ministre israélien Benjamin Ben-Eliezer, la plainte vise six hauts responsables militaires.