Israël en 2006 et en 2008/2009, massacrait en vase clos, les Libanais et les Palestiniens, sans susciter la colère de la «communauté internationale», mais il a suffi que Pyongyang lance son engin volant pour que celle-ci sorte de ses gongs. Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir d'urgence dans la soirée d'hier pour examiner les éventuelles «implications» du tir d'une fusée, soupçonnée d'être un missile de longue portée, par la Corée du Nord. Le Conseil de sécurité va se réunir à la demande «urgente» du Japon et des Etats-Unis lesquels estiment que ce lancement «constitue une violation des résolutions antérieures». Taepodong2 fait du bruit, à défaut de faire des dégâts. Ce qui est remarquable en fait, est la célérité avec laquelle les Etats-Unis ont convoqué le Conseil de sécurité pour discuter d'un fait encore non établi, quant à la nature de «l'engin volant» lancé par Pyongyang. Satellite de communication comme l'affirme la Corée du Nord, missile de longue portée comme le présument les Occidentaux? Ces derniers avouent pourtant, qu'en l'état des informations dont ils disposent, ils ne pouvaient être affirmatifs dans un sens ou dans l'autre. De fait, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, qui «condamne» fermement le tir nord-coréen estime, d'autre part, que «le tir qui a eu lieu n'est pas illégal en soi. Ce qui fait douter, c'est que l'engin qui a été lancé pourrait être utilisé non pas pour lancer des satellites de communication mais pour transporter des armes et notamment des armes nucléaires». Comme quoi l'Occident n'a même pas attendu de savoir de quoi il retourne pour crier «au loup». Où est l'urgence dans tout cela, lorsqu'il a fallu attendre 15 jours lors de l'attaque d'Israël contre le Liban en juillet 2006, et près d'un mois lors du massacre des Palestiniens en décembre et janvier derniers pour que l'on daigne demander une réunion du Conseil de sécurité? On n'en est même plus au classique «deux poids, deux mesures». Définitivement ceux qui se sont autoproclamés «communauté internationale» défendent des intérêts qui n'ont rien à voir avec l'instauration globale de la paix et de la sécurité pour tous, non pas pour une seule minorité qui détient le pouvoir planétaire. C'est ainsi que l'on tente d'imposer ce qui est licite et illicite, donc interdit, du point de vue de cette dite «communauté internationale» Dès lors, ce qui est licite pour les uns, Israël, Etats-Unis...ne l'est de toute évidence pas pour les autres, généralement n'entrant pas dans le profil du «bon» terrien tracé par l'Occident. Comme par hasard, ces «mauvais» terriens sont arabes et/ou musulmans et accessoirement nord-coréens. On fabule à peine, tant il est devenu patent que des citoyens du monde ont tous les droits, d'autres citoyens du monde n'en bénéficient d'aucuns. Le tintamarre fait hier par l'Occident et Israël autour du lancement par la Corée du Nord d'un «engin volant» illustre cette dichotomie entre les «bons» et les «mauvais», devenue de mise dans les rapports entre les tenants de la puissance (scientifique, technologique et militaire singulièrement) et ceux désireux d'accéder par leurs propres moyens à ce savoir. Cet interdit de fait, prétend exclure les pays non «agréés» de l'accès à la connaissance scientifique et technologique. Israël a lancé ces dernières années plusieurs satellites espions de la série Ofek, Eros et tout récemment, en janvier 2008, un satellite «Tescar» de nouvelle génération, lui permettant de surveiller l'Iran et les pays arabes auxquels il envoie un «message». C'est normal, Israël a tous les droits. Pas les Arabes (impuissants et trop divisés pour avoir droit au chapitre) ni l'Iran ni la Corée du Nord. A propos de ces deux derniers, le numéro 2 israélien, Sylvan Shalom, estimant le «lancement de ce missile (....) une menace pour la stabilité du monde», a déclaré hier que «les sanctions doivent être sévères et substantielles (...) Toutes les mesures doivent être prises pour que tout le monde comprenne que les règles du jeu changent et que des pays tels que la Corée du Nord tout comme l'Iran ne peuvent pas décider de ces règles». Evidemment, ces règles c'est Israël qui les dicte puisque aucun pays n'ose demander des comptes à l'Etat hébreu sur son arsenal nucléaire. Cqfd.