Le front méditerranéen de l'Union européenne devra convaincre les Etats membres de l'UMA de coopérer. Les ministres de l'Intérieur de cinq pays du Maghreb et cinq pays de l'Europe du Sud doivent se réunir du 9 au 11 juillet à Tripoli pour discuter de la lutte contre le terrorisme et de la drogue, selon une source officielle libyenne. Cette réunion, qui doit également aborder la question de la coopération sécuritaire et celle de l'immigration illégale, intervient après l'échec dans la construction d'un bloc maghrébin homogène. Le dernier sommet de l'UMA, annulé à cause de la défection du monarque marocain, a fini de convaincre l'UE de la nouvelle orientation que devront prendre les négociations pour faire avancer les choses. L'Union a abandonné l'option du dialogue de bloc à bloc et s'est vue contrainte de déléguer ces Etats méditerranéens pour dessiner une démarche claire qui s'annonce, d'ores et déjà, difficile à dégager. Le conflit entre l'Espagne et le Maroc autour des immigrants clandestins demeure toujours une source de tension entre les deux pays. Le colonel Kadhafi, leader libyen, avait récemment averti les pays de l'UE que la coopération des pays maghrébins concernant la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine ne se fera pas sans contrepartie. Intervient alors l'épineux problème des modalités que devront prendre ces «subventions». Même si les pays maghrébins demeurent d'accord sur le fond de la question, les cinq Etats de l'Union devront faire face à des législations hétérogènes. La concrétisation de la démarche devra découler d'un minimum consensuel. Les chefs de la diplomatie des dix pays s'étaient réunis fin mai à Tripoli et ont appelé à un «approfondissement» de leur coopération en matière de lutte contre le terrorisme, après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Ils avaient, en outre, recommandé la tenue en octobre à Tunis d'une rencontre régionale pour examiner les moyens de trouver des «solutions permanentes» au problème de l'immigration. Le «Dialogue 5+5» avait été formellement ouvert à Alger en 1991 sur une idée de la France lancée en 1983. Mais il avait été paralysé pour des raisons politiques: guerre du Golfe, sanctions contre la Libye (affaire Lockerby) et tensions algéro-marocaines. Le processus a été relancé lors d'une réunion ministérielle à Lisbonne en 2001.