Les prix des fruits et légumes atteignent des pics jamais égalés depuis de nombreuses années. Tous les regards, désormais, sont braqués sur la capitale algérienne. Les attentats terroristes s'y sont multipliés de manière fort significative. Le climat d'insécurité qui en a résulté, jamais atteint depuis pas mal d'années, vient de se répercuter, plus ou moins indirectement sur les prix des fruits et légumes. Aussi bien les grossistes que les détaillants n'osent plus s'aventurer loin de la capitale sous peine de tomber dans un faux barrage, ou d'être la cible d'attentats à la bombe. Des marchés de gros, installés à la périphérie d'Alger, sont quasi désertés. Une véritable terreur s'est emparée des commerçants à la suite des bombes déposées à Boumaâti, et des incursions terroristes de plus en plus fréquentes à la périphérie immédiate d'Alger, tels que Zéralda et Bou Ismaïl à l'ouest et Les Eucalyptus à l'est. Les marchés de la capitale, comme nous en parlent des marchands rencontrés sur place, ne sont que sporadiquement alimentés. Les risques encourus sont trop grands. La marchandise achetée est loin d'être la meilleure, mais les prix ne suivent pas cette baisse dans la qualité et la quantité. C'est même plutôt l'inverse qui se produit. Les prix, en effet, ont particulièrement flambé cette dernière semaine. Le kilo de n'importe quel légume, le plus souvent presque immangeable, frôle allègrement la barre des 100 dinars. Les commerçants expliquent cette hausse pour le moins brutale et inattendue aussi bien par l'insécurité ambiante que par la sécheresse qui a fait rage cette année en Algérie. «Les récoltes sont particulièrement faibles, et de fort mauvaise qualité». Selon les bonnes vielles lois de l'offre et de la demande, c'est en aval de la chaîne que le plus gros de la facture sera épongé, c'est-à-dire chez le simple citoyen. Ce dernier, malgré tout contraint de faire ses emplettes, ne se prive pas de lancer de véhémentes critiques contre les commerçants, les grossistes, les terroristes, l'Etat qui ne fait rien pour y remédier et même l'absence drastique d'eau dans les robinets qui vient, en quelque sorte, couronner la fête. Ce dernier, il faut le croire, s'apprête à vivre un été particulièrement éprouvant, tant sur le plan social, que sur le plan sécuritaire. Avec la baisse du pouvoir d'achat, la prolifération drastique du chômage et la hausse des prix menacent de faire exploser le nombre d'Algériens vivant au-dessous du seuil de la pauvreté. Ce chiffre oscille autour de la dizaine de millions, ce qui représente le tiers de la population algérienne.