Les locales, représentant la gestion des affaires de la cité, semblent plus qu'importantes pour le citoyen. La Kabylie s'apprête, une nouvelle fois, à affronter un autre défi. Après avoir décidé de tourner le dos aux législatives et vu, tout de même, plus de trente députés siéger en son nom, voici venu le temps des locales. Il faudra, en effet, que le 10 octobre, on puisse élire pour les wilayas de Béjaïa et de Tizi Ouzou, 119 APC, 2 APW et ce, sans compter les communes berbérophones des wilayas de Bouira, Sétif, Boumerdès. Le pouvoir aura la délicate mission - au cas où le refus signifié par la coordination intercommunale des communes de Béjaïa serait entériné par l'interwilayas du mouvement citoyen - soit de susciter des «volontaires» pour les 119 listes des APC et les 2 APW, soit de reporter les élections dans la région à...des moments meilleurs. En effet, réunie en conclave à Acif El-Hammam (Béjaïa) la CICB a entériné, pratiquement à l'unanimité le principe du rejet de toute élection avant la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur. Une décision qui ne sera «exécutoire» qu'après la réunion de l'interwilayas, mais qui semble «être dans l'air du temps». A moins que d'ici à là, le Chef du gouvernement réussisse dans son idée de tenir une conférence nationale. Dans cette conférence, selon certaines sources, M.Ali Benflis verrait d'un bon oeil la participation outre des délégués du mouvement citoyen, celle des partis politiques majoritaires en Kabylie: le FFS et le RCD. Le problème que soulèvera cette affaire de rejet des locales, si elle est entérinée par le mouvement citoyen et surtout si elle est suivie par le FFS et le RCD, est d'une autre nature que celle qui consistait à trouver une trentaine de députés. Si par la conjugaison des unes et des autres, notamment les partis politiques, la région décide de ne pas aller aux urnes, on aura tout simplement et au bas mot: plus de 150 communes sans assemblées. Certes, les partis politiques, principalement le FFS et le RCD ne se sont pas encore officiellement, exprimés sur la question. Mais l'atmosphère générale ne plaide aucunement pour une participation. En dehors de la problématique née des événements du printemps noir, des élus du FFS, que nous avons rencontrés, disent «ne pas pouvoir travailler dans le cadre actuel...» Pour eux: «Une APC n'est pas en mesure d'appliquer son programme, tellement est lourde la chape de la centralisation!» Ceci, sans oublier le bras de fer, actuellement pendant, entre le wali et quelques présidents d'APC, à la suite de certaines positions politiques. Ainsi, plusieurs présidents d'APC sont-ils traînés en justice pour ne pas avoir cédé sur leurs principes politiques. Sur ce plan, les maires du FFS se disent «échaudés et pleinement avertis de ce que les APC ne sont, en fait, gérées que...par procuration...». Tout cela fait qu'il semble pour le moins difficile de parier sur l'éventualité de voir le FFS s'associer au prochain scrutin, sans compter que le mouvement citoyen se prépare à mener une autre campagne de rejet. Le Chef du gouvernement, qu'on dit prêt à annoncer, lors de la présentation de son programme devant l'APN, l'idée de «conférence nationale», serait très certainement bien inspiré, en commençant d'abord, après avoir décrispé l'atmosphère, par libérer des détenus et faire opérer une sérieuse révision des codes communal et de wilaya. Il semble qu'il est bon de lifter ces textes, afin de les actualiser en prenant en compte la donne multipartite. Il ne reste finalement que quelques semaines pour le gouvernement et les formations politiques afin, qu'ensemble, ils puissent trouver une solution idoine à la crise. Les faux dialogues les fuites en avant...ne sauraient rien régler! Pour l'honneur de tous et pour le bien du pays, il est souhaitable que les Algériens apprennent réellement à se parler.