La tenue du scrutin en Afghanistan constitue un test important pour les forces armées américaines et internationales de l'Otan. Les élections afghanes du 20 août interviennent à un moment pivot pour l'Administration Obama, qui injecte troupes et moyens dans une mission de plus en plus ambitieuse et condamnée à durer face à une insurrection tenace. La tenue du scrutin en Afghanistan constitue un test important pour les forces armées américaines et internationales de l'Otan, mobilisées pour permettre aux Afghans de voter librement et en sécurité, alors que les violences font craindre une abstention massive et une élection peu crédible. Mais au-delà de cette échéance électorale, c'est au cours des prochains mois que sera jugé l'engagement américain en Afghanistan, qui n'a cessé de prendre de l'ampleur depuis l'arrivée à la Maison-Blanche de Barack Obama, alors que la situation sur le plan de la sécurité n'a jamais été aussi grave depuis le début de la guerre, fin 2001. Selon Anthony Cordesman, éminent expert en sécurité nationale au Centre d'études stratégiques internationales (CSIS), les taliban contrôlaient 160 districts afghans sur 364, fin 2008, contre 30 en 2003. Par ailleurs, les attaques d'insurgés ont augmenté de 60% entre octobre 2008 et avril 2009. Le mois de juillet a été le plus sanglant pour les forces américaines depuis le début de la guerre, avec 44 morts. Le président américain, qui a érigé le front afghan en priorité de son mandat, a pour le moment ordonné le déploiement de 21.000 soldats supplémentaires, ce qui portera leur nombre à 68.000 d'ici la fin de l'année. Le but initialement affiché par la nouvelle administration était de «désorganiser, démanteler et vaincre Al Qaîda au Pakistan et en Afghanistan et empêcher son retour». Mais face à la dégradation de la situation, M.Obama semble de plus en plus enclin à essayer de remettre la nation afghane sur pied, à l'aide de méthodes éprouvées en Irak: protéger en priorité la population au lieu de livrer la chasse aux insurgés, former de vastes forces de sécurité nationales et promouvoir le développement économique et politique du pays. «L'administration a augmenté la mise en transformant la guerre afghane d'une intervention limitée à une stratégie de contre-insurrection plus ambitieuse et potentiellement risquée», résumait cette semaine un rapport de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain. Pour mener à bien sa mission, le commandant des forces américaines en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, pourrait prochainement réclamer à Washington des renforts par milliers. Or de l'aveu des experts mais aussi des responsables politiques, ces nouvelles ambitions risquent de coûter cher et d'entraîner une présence prolongée en Afghanistan. En octobre, le conflit - qui coûte 4 milliards de dollars par mois aux Etats-Unis - entrera dans sa neuvième année, soit la plus longue guerre de l'histoire américaine depuis le Vietnam. Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a avoué jeudi que la durée de la mission militaire américaine en Afghanistan demeurait «imprévisible». Conscient toutefois du nécessaire soutien de l'opinion publique dans cette guerre, qui commence à susciter des critiques dans le propre camp démocrate du président, il a estimé que les troupes devraient impérativement «montrer des progrès au cours de l'année prochaine» dans ce pays «fossoyeur d'empires», où jamais occupant, britannique comme soviétique, n'a réussi à s'imposer. Déjà confrontées à six ans de guerre en Irak, «les troupes sont fatiguées. Le peuple américain aussi», confiait-il dans une interview en juillet.