Pour les observateurs, ces projets sont une solution de facilité face aux vrais problèmes qui guettent la jeunesse algérienne. «Treize nouveaux établissements pénitenciaires, d'une capacité globale de l'ordre de 19 000 places, devront être construits avant la fin 2010 dans le but de diminuer le surpeuplement carcéral», a affirmé le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz dimanche, en marge d'une visite de travail dans la wilaya de Béjaïa. Il a ajouté aussi qu'«à la fin de l'année, nous aurons fini avec la problématique du surpeuplement carcéral», inscrivant cet objectif dans le prolongement des effets de la réforme pénitentiaire qui, déjà, selon le ministre, «s'est traduite concrètement à l'intérieur des prisons par l'amélioration générale des conditions de détention, qu'il s'agisse d'alimentation, de santé, de formation ou d'éducation». Tayeb Belaïz, satisfait des efforts accomplis lors de ces dernières années, affirme que les conditions vont s'améliorer davantage, en mettant en relief l'ouverture prochaine de nouveaux établissements, dont trois pénitenciers avant la fin de mars prochain, qui vont permettre d'offrir, selon lui, des conditions bien meilleures, notamment en termes d'espaces et de commodités. A ce titre, le ministre a insisté sur le respect des délais de réalisation de ces nouvelles infrastructures, menaçant d'engager des poursuites à l'encontre des entreprises défaillantes, comme c'est le cas pour Oued Ghir (Bejaia) où les responsables du chantier ont enregistré des retards. «Il faudra remettre les clés au plus tard à fin mars», a-t-il ordonné, refusant un décalage au mois de juillet tel que suggéré par l'entreprise réalisatrice et les arguments avancés pour justifier un nouveau retard, d'autant plus qu'un surcoût de réalisation a été enregistré. Par ailleurs, plusieurs observateurs estiment qu'avant de penser au bien-être des détenus en érigeant en place de nouveaux établissements pénitentiaires où les prisonniers peuvent évoluer dans des superficies individuelles de neuf mètres carrés, il faudrait commencer par trouver la source de ce surpeuplement carcéral. Selon ces observateurs, si la majorité des enfants et des jeunes Algériens ont grandi dans un contexte favorable, il existe toutefois, une grande partie de jeunes qui vivent une grande détresse. Leurs difficultés sont essentiellement liées au chômage, à l'hostilité du milieu social et au manque de perspectives. Des conditions extrêmes qui nuisent au développement de cette jeunesse qui constitue la majorité de la population. En effet, la société algérienne, déstructurée par dix années de guerre civile avec les conséquences et les séquelles d'un pareil drame, est aux prises aux fléaux les plus dangereux comme la drogue, l'alcoolisme et le banditisme. Des fléaux qui mènent droitement à la prison. Faut-il alors construire plus de prisons pour juguler ces fléaux? Ce n'est pas la vraie solution, répondent les observateurs, estimant que la prévention, la sensibilisation pour un développement harmonieux de cette jeunesse doit intervenir. A titre d'exemple, la négligence, l'abus sexuel intra-familial, les mauvais traitements physiques, l'abandon, la privation de conditions matérielles d'existence, le risque de danger moral ou physique et l'exploitation sont des problèmes qui nécessitent l'intervention des centres de jeunesse. Ainsi, le gouvernement travaille sur plusieurs fronts comme la revalorisation de la culture, le soutien aux communautés et la création d'emplois... C'est un défi d'envergure encore plus dur que celui de construire des prisons qui, de ce point de vue, apparaît comme une solution de facilité.