Le retrait des rebelles de leur fief de Saada a permis un début de retour à la normale dans cette ville. Près de trois semaines après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu dans le nord du Yémen, le plus dur reste à faire avec le retour des quelque 250.000 déplacés, la libération des prisonniers de guerre et le désarmement des insurgés. Le retrait des rebelles de leur fief de Saada (240 km au nord de Sanaa) a permis un début de retour à la normale dans cette ville, a déclaré le gouverneur de la province, Taha Hajr, soulignant la nécessité d'accélérer le rétablissement de l'électricité et de l'eau pour faciliter le retour au foyer des déplacés. Des dizaines d'habitations ont été détruites à Saada, chef-lieu de la province de même nom, ainsi que dans les villages environnants, ce qui complique leur retour, selon des témoins. Le gouverneur, cité par la presse, a annoncé que les écoles allaient «rouvrir leurs portes dès samedi» à Saada, ajoutant qu'il était nécessaire «d'inculquer aux élèves les principes d'allégeance à la patrie, de modération et du refus de l'extrémisme». Selon le Haut commissariat pour les réfugiés de l'ONU (HCR), le nombre de personnes déplacées par la guerre entre les rebelles et l'armée depuis 2004 s'élève à 254.767. «Le HCR oeuvre au retour volontaire et sécurisé des déplacés», a déclaré une porte-parole, Marie Marullaz, précisant que l'ONU n'encouragerait pas les civils à regagner leur foyer «avant la mise en place des infrastructures de base et le déminage des routes». Elle a ajouté, citant une enquête rapide effectuée après le cessez-le-feu, que «61% des déplacés n'ont pas encore décidé s'ils rentreraient dans les circonstances actuelles». Selon une source à la commission parlementaire chargée de superviser l'application de la trêve, «les préfets et les responsables de la sécurité et des services sociaux, dont l'éducation, n'ont pas pu prendre leurs fonctions en l'absence de forces pour leur protection» dans la plupart des 18 sous-préfectures de la province de Saada. Les rebelles s'opposent, en effet, au déploiement de l'armée dans ces sous-préfectures et veulent uniquement des forces de police, ce que le gouvernement refuse, a expliqué cette source. Ces divergences n'ont cependant pas empêché la réouverture de la quasi-totalité des axes routiers dans la province et l'amorce des opérations de déminage. Mais les insurgés sont encore tenus de restituer les biens publics et les armes saisies et de libérer les prisonniers civils et les militaires, et ce conformément aux termes du cessez-le-feu entré en vigueur le 12 février. Les rebelles ont en outre annoncé avoir libéré les prisonniers saoudiens qu'ils détenaient et assuré s'être retirés d'une zone frontalière avec l'Arabie Saoudite, entrée en guerre début novembre après l'infiltration d'insurgés qui ont tué un garde-frontière saoudien. «Le cessez-le-feu n'a pas été violé à la frontière, mais il y a une lenteur de la part des rebelles» à en appliquer les termes, a déclaré le président d'une commission chargée d'observer la trêve, Mohamed Yahi al-Hawiri. Les autorités yéménites, disant riposter aux «agressions répétées» des rebelles, avaient lancé le 11 août 2009 une offensive contre les insurgés, la sixième du genre depuis 2004, dans un conflit qui a fait plusieurs milliers de morts. Plusieurs accords de trêve conclus dans le passé avaient été rapidement violés. Une médiation du Qatar avait notamment abouti en juin 2007 à un accord de paix entre les rebelles zaïdites, issus d'une branche du chiisme, et le gouvernement, mais ces deux parties ne sont jamais entendues sur sa mise en oeuvre.