Pour la militante sahraouie, Aminatou Haïdar, la répression de la police marocaine «est le premier fruit du sommet de Grenade et du statut avancé» accordé au Royaume chérifien. Nul n'est en mesure d'arrêter «la machine répressive» marocaine contre le peuple sahraoui. Le Royaume chérifien défie le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, et continue à réprimer les droits de l'homme au Sahara occidental. Ce dernier avait pressé, dimanche, le Maroc d'accomplir «davantage de progrès dans le respect (...) des droits de l'homme», et ce, à l'occasion du premier sommet UE/Maroc à Grenade (sud de l'Espagne). Cet appel ne semble pas trouver une écoute attentive chez les autorités marocaines. Ainsi, trois jours après cet appel, la police marocaine a réprimé «brutalement» deux manifestations pacifiques, lundi et mardi, au Sahara occidental. Ce n'est pas tout. La police marocaine a agressé, selon les agences de presse, les manifestants, dont plusieurs femmes, et elle les a empêchés de se faire soigner dans les hôpitaux. C'est ce qu'a dénoncé, d'ailleurs, la militante sahraouie des droits de l'homme, Aminatou Haïdar. Cette dernière a qualifié la réaction de la police du Makhzen de réponse marocaine au président de l'Union européenne. «C'est la réponse marocaine au président de l'Union européenne», estime la militante dans un communiqué repris par les agences. Avec ironie, Mme Haïdar souligne que la répression marocaine est le premier résultat du «statut avancé» accordé par l'Union européenne au Maroc. «Ceci est le premier fruit du sommet de Grenade, le premier fruit du statut avancé» accordé en 2008 par l'UE au Maroc, a-t-elle ironisé. Les deux manifestations «réprimées violemment» par la police, ont été organisées, respectivement à El Aayoune et à Fajla. «La police et les services secrets marocains ont réprimé, mardi violemment une manifestation organisée dans le quartier de Maâtala, au coeur de El Aayoune (principale ville du Sahara occidental, Ndlr) pour accueillir 12 activistes qui rentraient des camps de réfugiés sahraouis de Tindouf.» Parmi les «nombreuses personnes» agressées, dont «plusieurs femmes», figurent Sabbar Brahim, secrétaire général de l'Association des victimes de violations graves des droits de l'homme par le gouvernement du Maroc, et Ennaâma Asgari, vice-président du Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental (Corelso), est-il précisé. Le premier a été «matraqué» et souffre d'«une blessure ouverte à la tête et de lésions graves aux reins», le second «a reçu des coups sur tout le corps, qui ont laissé des marques visibles sur sa peau», ajoute le communiqué. Aminatou Haïdar a révélé à la même occasion, que la police a empêché le transfert des manifestants blessés vers les hôpitaux pour se faire soigner. La militante assure que des faits similaires se sont produits lundi soir dans la ville sahraouie de Fajla, où la police avait réprimé une «manifestation pacifique». Au lendemain de la tenue de ce premier sommet, Aminatou Haïdar a estimé que l'appel à la promotion des droits de l'homme lancé par l'UE reste insuffisant s'il n'est pas suivi d'actions concrètes. M.Van Rompuy a lancé un appel au Maroc dans lequel il souhaite l'amélioration des droits de l'homme au Maroc et au Sahara occidental. «Nous souhaitons des améliorations de la situation des droits de l'homme (...) et de leurs défenseurs au Maroc, notamment au Sahara occidental», avait-il lancé à l'issue de ce sommet, révélant avoir adressé un «message clair et sans équivoque». Apparemment, ce message a été mal décrypté par le Maroc qui continue sa politique répressive.