Le Centre de recherche en économie pour le développement compte organiser, en octobre prochain, un colloque sur le thème de la migration à Tamanrasset. L'information est recueillie auprès de témoins. Douze ressortissants africains, candidats à l'émigration clandestine en Europe, sont morts de soif récemment dans le désert algérien. Seuls deux survivants ont pu regagner le Mali d'où ils étaient venus. Cet incident n'est qu'un épisode du tragique quotidien des candidats à l'immigration clandestine. Lorsqu'ils ne sont pas morts de soif, ils sont arrêtés par les services de sécurité. 111 d'entre eux ont subi ce sort à Tamanrasset durant le mois de mai 2010, selon la Gendarmerie nationale. Des personnes de 48 nationalités différentes, dont des Asiatiques, transitent par le territoire national. Mais 70% de ces immigrants clandestins viennent du Mali et du Niger et se fixent de manière définitive en Algérie. C'est la conséquence des barrières dressées en Europe pour contrer les flux migratoires en provenance d'Afrique. Les clandestins en provenance de pays subsahariens se sédentarisent souvent en Algérie en attendant une brèche vers l'Europe. Entre 2006 et 2009, ce sont 29.463 immigrants clandestins qui ont été, soit expulsés, soit reconduits aux frontières. C'est justement entre la frontière algérienne et la ville de Tamanrasset, que le camion des immigrants décédés récemment est tombé en panne pour que leur approvisionnement soit ensuite épuisé. Les personnes décédées étaient trois Camerounais, trois Maliens, deux Ivoiriens, deux Sénégalais, un Gambien et un Guinéen. Ce dossier de l'immigration clandestine préoccupe non seulement les forces de sécurité mais aussi les chercheurs. D'ailleurs, le Centre de recherche en économie pour le développement compte organiser un colloque sur le thème de la migration et du développement en Afrique. Il aura lieu à Tamanrasset du 19 au 22 octobre 2010. Dans le dossier de présentation du colloque disponible sur le site du Centre, il est écrit que par sa situation au carrefour de quatre aires géographiques: africaine, méditerranéenne, arabe et maghrébine, l'Algérie connaît les trois mouvements classiques des migrations: départ, accueil et transit. Il est ajouté que le pôle africain est traversé présentement par une multitude d'initiatives qui méritent qu'on s'y attarde pour la production d'une connaissance scientifique à la fois objective et réaliste, loin des discours de circonstance. Avant de prendre l'initiative d'organisation de ce colloque, le Cread a participé à plusieurs rencontres qu'il compte mettre à profit. Des colloques ont déjà été organisés en Tunisie (2002) alors que l'Unesco a produit des documents sur les droits des migrants. Le Consortium de l'Institut universitaire européen a aussi lancé depuis 2005, un programme sur la migration internationale au niveau des pays de la Méditerranée. L'Italie, l'Espagne et la France se penchent aussi régulièrement sur ce thème avec des fortunes différentes. Cette diversité des nations s'intéressant au phénomène est reflétée par la composition des participants à cette rencontre. On y trouve Mohamed Saïb Musette (Cread, Algérie) Attir Mustapha, de l'Academy of Graduate Studies (Libye), Arango Joaquín, de l'université de Complutense de Madrid (Espagne) ou encore Boubakri Hassan, de l'université de Sousse (Tunisie). Des universitaires du Mali, du Maroc, de Mauritanie, du Sénégal et du Canada ainsi que de France seront de la partie. Beaucoup de discours sont aussi produits et assortis des recommandations dans les grandes enceintes régionales comme le Groupe 5+5, de l'Unité africaine, constate le Cread. Tous ces rapports, études, recherches, une fois achevés et les financements épuisés, ne connaissent que rarement des suites, est-il ajouté.