Une nouvelle fois, la Belgique apparaît, dans ces révélations, au centre d'un jeu extrêmement trouble. Il s'agit là des révélations fracassantes faites par un enquêteur antiterroriste dans les colonnes d'un hebdomadaire belge. D'entrée de jeu, l'expert met en avant le laxisme qui a caractérisé les services du monde entier vis-à-vis de ce fléau tant que seuls les Algériens en subissaient les sévices et où notre pays était le seul à tirer régulièrement la sonnette d'alarme. «J'ai d'abord observé, puis surveillé, puis traqué ces mouvements terroristes émergents...» Si l'Allemagne, la France et dans une moindre mesure l'Angleterre ont rectifié le tir, il semble difficile d'en dire autant s'agissant d'autres pays. «Dans le cadre des nouvelles voies de financement des activités terroristes, vous pouvez considérer la Belgique comme la plaque tournante des réseaux criminels qui organisent le commerce des matériaux précieux destinés à financer le terrorisme international (...) et le Luxembourg comme la plaque centrale pour les transactions bancaires et les dépôts dans les coffres bancaires.» L'expert parle carrément de «réseaux dormants» qui tirent leurs moyens de «circuits bancaires traditionnels sur la base d'argent à la provenance douteuse comme constaté pour les terroristes de Hambourg, ou par les hold-up, vols et escroqueries où ces réseaux trouvent un terrain de prédilection en Belgique». Le pire, sans doute, c'est qu'en dépit de ces informations d'une extrême précision, rien n'est fait du côté bruxellois en vue d'y remédier, ce qui explique les «rapports parfois tendus entre Bruxelles et Washington» comme le révèle cette source. Explication: «Tant que la Belgique laissera une place de choix au déploiement des activités des réseaux terroristes leur garantissant une sorte d'impunité quasi certaine et en ne les traquant que du bout des lèvres, tant que le Luxembourg leur servira de point de chute pour leur magot, ces deux pays n'auront pas à s'inquiéter outre mesure d'attentats ou de représailles. Les terroristes aussi savent distinguer entre leurs intérêts et ceux des autres...». Ces révélations, il faut le rappeler, rejoignent au détail près celles qui ont été faites par un expert belge de la lutte antiterroriste, livrées dans ces mêmes colonnes il y a de cela quelques semaines, dans lesquelles il accuse les services secrets du Royaume d'avoir soutenu, favorisé, aidé et même contrôlé les terroristes islamistes, notamment les Algériens. Ce qui explique, entre autres, que ces derniers, leurs leaders politiques du moins, aient pu tenir un congrès en Belgique, dans un endroit tenu secret, sous les auspices des services secrets de ce pays. L'hebdomadaire en question s'est amusé, dans le même numéro, à jouer à l'apprenti terroriste. «Si ses attentats avaient été réels, écrit-il, ce sont toutes les institutions et les édifices symboliques belges qui auraient disparu le même jour et pratiquement à la même minute. D'où l'intérêt du gouvernement luxembourgeois et de la place financière de ne pas trop entraver le travail des financiers et blanchisseurs du terrorisme. D'où l'irritation de plus en plus prononcée des autorités américaines.» Al-Qaîda ne souhaiterait rien moins, selon les mêmes informations, que l'immobilisation de tout le système financier européen, et peut-être même mondial. Même si la source n'en dit pas plus, il est aisé de conclure que c'est la Banque européenne qui serait visée en premier chef. Ce qui fait la force de ces activistes, explique l'expert, «est lié à leur (les terroristes) mobilité, l'autonomie prise par de nombreux groupes vis-à-vis d'Al-Qaîda, l'aide qu'ils reçoivent de la part de structures qui ont pignon sur rue, et les centaines de jeunes qui étaient actifs en Afghanistan, qui possèdent la nationalité de l'un des pays européens et qui sont revenus s'établir chez nous, en France, en Belgique, en Allemagne et également au Luxembourg et qui n'ont pas été repérés.» Dans le cadre des cibles potentiels que les islamistes pourraient chercher à détruire dans un avenir plus ou moins proche, l'expert ajoute qu'«il s'agit en premier lieu de cibles importantes pour l'économie mondiale et en second lieu de cibles symboliques pour les démocraties européennes». Peut-être s'agit-il des institutions, à commencer par le Parlement européen sis à Bruxelles et qui a, maintes fois, accordé asile, aide, et soutien politique aux terroristes islamistes. Toutes ces révélations rejoignent une information rendue publique hier par un rapport d'enquête commandé par les membres du Congrès américain. Ce document, peut-on lire dans la presse US, fait état de la présence dans le monde de pas moins de 70.000 personnes soupçonnées d'appartenance plus ou moins directe au terrorisme islamiste.