A la différence de l'Aïd El Fitr, le pain n'a pas déserté les étals. «Quel soulagement! je viens de m'approvisionner en pain», se félicite une femme, la quarantaine, le visage souriant et la tête couverte d'un foulard. Elle vient de sortir d'une boulangerie sise aux alentours du marché Clauzel à Alger-Centre. Le boulanger sert ces clients. Tout se passe dans un calme étrange. Pas de chaîne pas de bousculades. Les longues files d'attente devant les boulangerie ne sont que de mauvais souvenirs. La brise maritime caresse les édifices et artères d'Alger. Un voile fin de nuages couvre de ciel. Il adoucit les rayons du soleil qui répandent une matinée voluptueuse sur la capitale. Le lendemain de l'Aïd El Kebir s'annonce des plus sereins. Amar est un agent d'administration. Il est natif du quartier Mohamed-Belouizdad (ex-Bel-court). Aujourd'hui, il est allé à la place du 1er-Mai pour flâner. «J'aime marcher. Alors, je profite de ce week-end prolongé pour m'adonner à mon hobby favori», avoue le jeune homme. Amar affiche une mine détendue. Il n'a trouvé aucune difficulté à acheter du pain. «L'Aïd cette fois-ci, revêt une particularité dans la mesure où le pain est disponible», assure-t-il. Un coup d'oeil sur les lieux permet de vérifier la véracité des propos d'Amar. Des paniers de pain sont disposés sur les trottoirs, le long de la voie publique. «Achetez du pain! Achetez du pain!», crie un jeune vendeur. Le produit rare et convoité lors des fêtes a aiguisé l'appétit des vendeurs à la criée. La circulation est fluide sur la voie carrossable. Des véhicules passent furtivement. Les rues d'Alger semblent se dégarnir du flux de véhicules qui les étouffe quotidiennement. Amar hèle un taxi. Il a envie de rentrer chez lui. Le taxi s'arrête. L'agent d'administration s'y engouffre. «Le problème du pain ne s'est pas posé cette fois-ci», dit-il au taximan pour engager la discussion. Ce dernier acquiesce. «Les autres commerces sont également ouverts», ajoute-t-il. En effet, des boutiques d'alimentation générale, des épiceries et des supérettes assurent le service minimum. «Ce matin, j'ai fait mes courses chez un marchand de fruit et légumes. Je vous assure que j'ai trouvé tout ce que je cherchais», témoigne un autre passager, les cheveux grisonnants. Amar arrive devant sa cité. Il descend. Le taxi reprend son chemin. Il prend la direction de Kouba. Des commerces sont ouverts sur les deux bords de la route principale. L'embargo imposé par les commerçants à chaque fête nationale ou religieuse semble appartenir au passé. Un passé très récent. Durant l'Aïd El Fitr précédent, les habitants d'Alger ont vécu un véritable calvaire. La majorité des commerçants ont baissé rideau. Cette fermeture massive a plongé les citoyens dans le désarroi. «Je n'oublierai jamais le deuxième jour de l'Aïd que j'ai passé à chercher du pain dans tout Alger», confie Ali, un jeune employé dans une agence de communication. Cette année, un léger mieux a été enregistré. Cela dit, il reste du chemin à parcourir...«A Bordj El Kiffan, tous les boulangers ont fermé», témoigne une femme, voilée. Une chose est sûre: les journées fériées ne doivent plus être des journées mortes pour les commerçants.