«Il ne faut pas exagérer la menace de l'Aqmi, mais il ne faut pas l'ignorer aussi», a estimé le conseiller d'El Mouradia à partir de Londres. «Nous avons les moyens de maîtriser la situation dans le Sahel», a déclaré, à partir de Londres, le conseiller du chef de l'Etat, Kamel Rezzag-Bara. Dans cette déclaration s'insinue une mise au point non voilée à l'adresse de certains pays étrangers qui ont voulu s'ingérer dans la région du Sahel. C'est pour la seconde fois que le gouvernement affiche sa position irréversible. Rezzag-Bara, qui s'exprimait hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, a appuyé les dires de Ouyahia. Le Premier ministre avait rejeté, lors de la déclaration de politique générale à l'APN, toute interférence étrangère dans la région du Sahel, une position réitérée par le conseiller de la Présidence. Londres est un endroit stratégique pour viser la cible. Le représentant du palais d'El Mouradia a saisi l'occasion pour répéter à qui veut l'entendre que l'Algérie refuse toute ingérence dans le dossier du Sahel. «Nous rejetons absolument toute tentative d'ingérence. Nous préférons un partenariat qui respecte la souveraineté des pays de la zone. Les pays de la région sont prêts à soutenir les initiatives algériennes», a relevé le conseiller du Président Bouteflika. Une mise en garde adressée indirectement à la France, qui voulait accaparer le dossier en écartant l'Algérie de la scène. «Les pays de la région ont la pleine capacité de maîtriser les réponses à donner à cette menace importante», a-t-il encore assuré. Il explique que toute ingérence risque de compliquer la mission pour les pays de la région. Rezzag-Bara soutient que l'Algérie a un rôle central à jouer dans la coordination sous-régionale pour lutter contre la menace de l'Aqmi. Il a notamment rappelé l'installation du comité d'état-major des pays du Sahel saharien à Tamanrasset et la centrale d'échange d'informations à Alger. Une feuille de route a été établie lors de la réunion des Etats-majors à Tamanrasset. Revenant sur la menace terroriste en elle-même, le représentant de la Présidence refuse de dramatiser les choses. «Il ne faut pas exagérer la menace de l'Aqmi, mais il ne faut pas l'ignorer aussi», a-t-il estimé. Toujours sur ce sujet, l'invité de la radio rappelle que, depuis 2003, la spécialité de l'Aqmi est la prise d'otages d'étrangers. Aujourd'hui, toute la zone, qui vivait de l'activité touristique, est isolée. Dans ce contexte, il est nécessaire, appuie-t-il, de développer «dans les formes appropriées» des résolutions internationales plus contraignantes pour criminaliser le paiement des rançons. «Payer les rançons est une forme de financement du terrorisme. Nos partenaires britanniques épousent parfaitement la même approche», a-t-il tenu à souligner. L'envoyé spécial d'El Mouradia à Londres témoigne que la position de l'Algérie est de plus en plus appuyée par les partenaires étrangers. «Nous pensons que de plus en plus de partenaires vont adopter la même position. Plus vous payez les rançons, plus vous augmentez le risque d'autres prises d'otages», a-t-il mis en garde. Avant de renchérir: «La prise d'otages est aujourd'hui la principale activité qui permet aux groupes terroristes d'avoir une visibilité sur le plan international.» Kamel Rezzag-Bara a annoncé que des partenaires majeurs sur la scène internationale approuvent l'initiative algérienne de criminaliser le paiement de rançons aux groupes terroristes en échange de la libération d'otages. Selon le conseiller, il existe aujourd'hui des preuves concrètes de la jonction entre ces groupes terroristes et la grande criminalité dont la contrebande, le trafic de drogues dures et l'immigration illégale. Revenant sur l'objectif de cette mission, Rezzag-Bara explique: «Il s'agit de se consulter, d'échanger des analyses périodiques sur la lutte contre le terrorisme transnational et sur le meilleur moyen de mutualiser nos efforts pour contrer cette menace globale». «L'Algérie, qui a développé une connaissance approfondie de la nature du terrorisme, de ses modes opératoires et de ses acteurs, a toujours estimé qu'aux côtés des questions sécuritaires et militaires, la priorité politique doit aussi être donnée à la lutte contre ce phénomène», a-t-il conclu.