La résolution finale a largement tempéré les propos enflammés tenus dimanche par l'ensemble des intervenants. Le communiqué final venu, hier, sanctionner la réunion de la CEN-Ugta (Commission exécutive nationale), tenue dimanche et lundi à Zéralda, a fait sien le plus gros des revendications soulevées la veille par les intervenants. Ainsi, et même si les dirigeants de l'Ugta se félicitent des résultats significatifs obtenus lors de la dernière bipartite en faveur de quelque 500.000 travailleurs, ils n'en décident pas moins, à simple titre de rappel, de prendre acte «des engagements du gouvernement relatifs à l'élargissement des mesures d'urgence à l'ensemble des corps communs de la Fonction publique, à la refonte du statut de la Fonction publique, au redressement du système de sécurité sociale, en sauvegardant les postes d'emploi...». Mais ces engagements, est-il souligné avec force, sont loin d'être suffisants au regard des graves constats relevés dans le communiqué. La CEN, en effet, se déclare inquiète «de la montée croissante de la pauvreté qui touche des couches de plus en plus importantes de la population à un moment où le pays dispose de ressources financières jamais égalées». Le plan de soutien à la relance économique du Président est, lui aussi, indirectement stigmatisé puisque les membres de la CEN «expriment (leur) profonde inquiétude face à la stagnation persistante de l'économie nationale et la détérioration de la situation des entreprises algériennes». Ces constats, somme toute alarmants, appellent des exigences et des revendications formulées comme suit: «La CEN s'oppose au principe du tout privatiser, exige de donner la priorité à la mise à niveau des entreprises publiques et privées, rejette la privatisation des entreprises stratégiques, performantes et fiables, refuse catégoriquement la privatisation des secteurs du service public tels que l'eau, les postes, les chemins de fer, les autoroutes, les aéroports...» Une partie non négligeable du document, étalé sur 4 pages, est en outre consacrée à l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures qui a fait couler tant d'encre et de salive ces dernières semaines. La CEN, à ce sujet, déclare avoir «pris la mesure des dangers (...) qui guettent l'économie nationale, les entreprises publiques du secteur des hydrocarbures hypothéquant l'avenir des générations futures». La CEN ajoute être convaincue que «ce projet porte en lui la liquidation à terme, par effet d'étouffement inévitable, de l'outil national de production: Sonatrach». A ce titre, l'Ugta déclare refuser «d'abandonner ses missions historiques, nationales et républicaines, (déclarant son) rejet catégorique de cet avant-projet de loi, dans le fond et dans la forme». Même si le ton reste élevé, il n'est pas question d'aller vers un débrayage national. Comme annoncé dans notre édition d'hier, la CEN donne mandat à son secrétariat national d'apprécier l'évolution de la situation et la prise en charge des revendications formulées afin d'agir en conséquence. Sur le plan politique, le communiqué a nettement édulcoré les propos très durs tenus la veille par le secrétaire général de l'Ugta et repris en choeur par les présents par rapport au plan de concorde nationale. Au lieu d'attaquer frontalement cette démarche prônée par le Président Bouteflika, l'Ugta se contente juste de renouveler son attachement aux valeurs républicaines, condamnant au passage la recrudescence des actes terroristes qui ne sont pas sans rappeler les années les plus sombres de la violence qui endeuille le pays depuis plus de dix années. La poire, il faut le croire, a été coupée en deux comme le confirme ce texte: «L'Ugta se déclare mobilisée aux côtés des autres forces nationales républicaines et patriotiques avec pour objectif la lutte résolue contre le fondamentalisme, le terrorisme intégriste et également contre le retour et la résurgence de tout projet de société rétrograde, obscurantiste, fanatique, violent et ennemi de la liberté, de la modernité, du progrès et de la dignité humaine.» Sur le plan politique toujours, l'Ugta, dans son communiqué, évoque avec «douleur et consternation» la situation qui prévaut en Kabylie, avant de rappeler son «attachement indéfectible à une Algérie indivisible». Elle réitère, se disant, «son appel à un dialogue sincère et productif entre enfants d'une même nation, ainsi qu'au bannissement de tout affrontement fratricide, prélude fatal à des déchirements et des fractures qui risquent de porter préjudice à notre pays». Pour finir, la CEN a réitéré son soutien et sa solidarité avec les peuples irakien et palestinien tous deux victimes des hégémonismes internationaux créés et entretenus par le lobby sioniste et les USA.