«Je ne peux pas dire qu'il y a eu une pensée vraiment unique (concernant l'Algérie Ndlr), Marianne était une exception», a-t-il affirmé. L'Algérie vue par la presse française. Un sujet qui suscite jusqu'à présent de nombreux débats et controverses. Pour certains analystes, c'est le règne sans partage de la pensé unique. Un avis que Jean-François Kahn, écrivain et ancien directeur de l'hebdomadaire Marianne, ne semble pas partager. «Je ne peux pas dire qu'il y a eu une pensée vraiment unique (concernant l'Algérie Ndlr), Marianne était une exception», a-t-il affirmé, dimanche dernier, lors d'un point de presse improvisé après la conférence qu'il a animée autour du thème «La société idéale est-elle celle qui rend heureux» au Centre culturel français d'Alger. «Cela dépend de quoi vous parlez sur l'Algérie aussi», a-t-il ajouté. Plus explicite, l'auteur de Faut-il croire les journalistes? évoque l'existence de deux lobbies en France et qui influencent, plus en moins, l'information concernant l'Algérie. «En France vous avez deux lobbies très importants», a-t-il assuré. «L'un rassemble tous ceux qui pour une raison ou une autre, n'ont jamais accepté l'indépendance de l'Algérie... il y a tout un camp qui n'a jamais accepté au fond que l'Algérie soit indépendante et pour qui l'Algérie est toujours l'ennemi», continue-t-il. Si le premier englobe les pieds-noirs, harkis...en somme, les nostalgiques de «l'Algérie française», l'autre lobby est constitué de pieds-rouges troskistes. Ceux «qui n'ont jamais pardonné à l'Algérie de ne pas être ce qu'ils ont voulu qu'elle soit en 1962 et 1963, quand ils sont venus», a-t-il noté. «Vous avez la convergence de ces deux lobbies qui expriment des rancoeurs de façon tout à fait différentes anti-algériennes», poursuit-il. Ces deux groupes de pression exercent, donc, une certaine influence sur la manière avec laquelle les médias français couvrent l'Algérie. Cependant, les médias français n'obéissent pas tous à la même règle. Et là encore Marianne, créé en 1997 par cet intellectuel, a fait figure d'exception. «Pour prendre l'exemple du «Qui tue qui?». C'était la ligne dans l'ensemble les médias. Cela dit, Marianne n'a pas été sur cette ligne, j'ai pu quand même l'exprimer tant que j'ai voulu», a-t-il précisé. Sur la presse française, Jean-François Kahn, très connu quant à ces positions anti-sarkozystes, se contentera de dire que sur le plan politique ou philosophique, il préfère s'abstenir de faire tout commentaire. «Ça ne serait pas correct de ma part de critiquer la presse française ici devant la presse algérienne», a-t-il indiqué. Ce professionnel de l'information est revenu également sur WikiLeaks. Un phénomène dont la presse a beaucoup parlé et sur lequel elle a spéculé. Certains y voyaient même une certaine dictature...celle de la transparence. «Des mensonges inouïs ont été diffusés dans la presse, pendant les deux guerres d'Irak. On l'a reconnu mais ce n'était pas très grave, ce n'était pas dramatique. En revanche, le fait qu'on diffuse des vérités provoque un scandale beaucoup plus important que lorsqu'on a diffusé des mensonges, je suis quand même extrêmement surpris», a-t-il déclaré. Décriée par un charcutier, un boucher ou encore un philosophe, cela peut être tout à fait normal pour ce grand spécialiste de la presse. Ce qui est, par contre, inconcevable, pour lui, c'est qu'elle soit remise en cause par les journalistes. «Je conçois que toutes les opinions sont libres et intéressantes...mais qu'un journaliste dont le métier c'est de faire connaître la vérité, puisse parler de la dictature de la transparence me tue, je trouve que c'est inconcevable!», a-t-il assuré.